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« La Belle Saison » de Catherine Corsini

  • Timé Zoppé
  • 2022-07-11

Ancré dans la France de 1971, année charnière pour les revendications féministes et homosexuelles (manifeste des 343, fondation du FHAR…), le neuvième long métrage de Catherine Corsini, sorti en 2015, raconte le coup de foudre de deux femmes issues de mondes opposés. Le film est diffusé dès le 13 juillet sur Arte.

Perchée sur son tracteur sous un soleil écrasant, Delphine (Izïa Higelin) n’envisage pas qu’une autre vie, loin de la ferme familiale, soit possible. Quand la fille du village qu’elle fréquente en secret la quitte pour se marier avec un homme, elle prend conscience que les mentalités de son milieu paysan ne l’autoriseront pas à vivre sa vie comme elle l’entend.

Elle s’exile alors à Paris et se laisse happer par un tourbillon de revendications dont elle ne soupçonnait pas l’existence… Dans une première partie enlevée, propulsée par des seconds rôles savoureux (la toujours détonante Lætitia Dosch en tête), le film ravive l’esprit libertaire et les actions coup de poing du MLF (Mouvement de libération des femmes) et du FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire).

Pour cette reconstitution, la cinéaste s’est appuyée sur les rares archives de l’époque, comme les photos de Catherine Deudon ou les films de Carole Roussopoulos, l’une des premières femmes vidéastes. Obligée de revenir aider sa mère (Noémie Lvovsky) dans leur exploitation agricole suite à l’AVC de son père, Delphine ramène dans ses bagages Carole (Cécile de France), militante parisienne avec qui elle vit une passion.

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Ce retour de l’enfant prodigue donne lieu à une seconde partie plus grave qui se cale sur le rythme indolent de la campagne limousine. Le film, toujours sensuel et solaire, retrace alors la joute silencieuse entre les trois femmes. Véritable piqûre de rappel historique, La Belle Saison offre une nécessaire caisse de résonance à notre époque, toujours agitée par la question des droits queer.

3 QUESTIONS À CATHERINE CORSINI

Cet entretien a été réalisé en 2015, lors de la sortie du film.

Comment est né le désir d’évoquer cette époque?

Au départ, l’histoire était contemporaine, mais Marie Amachoukeli, avec qui j’ai failli écrire le scénario, trouvait négative l’idée de montrer une homosexuelle qui se cache aujourd’hui. Elle m’a conseillé de l’ancrer dans les années 1970. J’ai essayé de retranscrire l’énergie et la spontanéité de ce moment.

Cécile de France a connu des rôles similaires, mais le choix d’Izïa Higelin est plus surprenant.

J’ai écrit pour Cécile, j’aime son côté vaillant. Face à elle, je pensais d’abord à Adèle Haenel, mais leur physique est trop proche. Delphine a un côté terrien, taiseux. Izïa ne se sent pas très légitime comme actrice, et elle est parfois mal à l’aise dans son corps. Ça traduit bien l’empêchement de son personnage.

Comment avez-vous pensé la représentation des corps et des ébats féminins?

J’ai vu La Vie d’Adèle, qui m’a bluffée, quand j’écrivais le scénario. Du coup, je ne voulais presque plus filmer de scènes d’amour. Mais sur le tournage, j’ai quand même eu envie de montrer les corps. Je l’ai fait d’une manière frontale, posée, proche de celle de l’époque, qui n’était pas dans l’érotisation.

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