« Juniors » de Hugo P. Thomas : du vieux pour faire du neuf

L’ennui à la campagne : vieille rengaine du cinéma adolescent qui n’a cessé d’observer sur les mines déconfites de ses jeunes personnages en formation les stigmates de cet atermoiement, tout autant que la possibilité d’y échapper avec la promesse d’un changement à l’horizon.

Avec Juniors, Hugo P. Thomas reprend à son compte le protocole en braquant son œil sur Jordan. Il a 14 ans, vit dans un bled paumé nommé Mornas auprès d’une mère absente (Vanessa Paradis). Il aime les jeux vidéo et son meilleur ami s’appelle Patrick (comme l’étoile de mer et fidèle ami de Bob l’éponge, dans le dessin animé du même nom).

Une référence cartoonesque pour un film jouant sur la musique spécifique de l’animé, et convoquant les stéréotypes et leurs représentations usées pour faire émerger de cette naïveté joyeuse, bête et amusée un refrain émouvant et tendre. Usées mais aussi, paradoxalement, d’aujourd’hui.

Ce qui singularise Juniors, dont la forme charrie une hybridité alliant ambition mainstream et veine auteuriste, c’est surtout sa volonté affichée de parler d’aujourd’hui sans oublier hier, de convoquer dans le même élan IAM et "Call of Duty", la culture des années 1990 et celle des années 2020. Comme si Hugo P. Thomas, regardait son enfance depuis ses 34 ans en se demandant ce qu’il reste de sa génération.

: Juniors de Hugo P. Thomas (The Jokers), sortie le 26 juillet