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« Entre les murs » de Laurent Cantet : un cas d’école

  • Justine Carbon
  • 2024-05-22

[CRITIQUE] Tourné au Collège Françoise Dolto, dans le 20e arrondissement de Paris, « Entre les murs » (2008) est un film vériste, dans lequel le cinéaste Laurent Cantet interrogeait le milieu scolaire. Le réalisateur y mettait en scène une détresse croissante ébranlant autant le corps scolaire que les élèves. Alors que le Festival de Cannes bat son plein, on revoit cette Palme d'or sociale et humaniste.

Adapté du roman éponyme de l'écrivain François Bégaudeau, le film suit le temps d’une année scolaire une classe de quatrième et leur professeur de français, campé par Bégaudeau lui-même. Laurent Cantet fait appel à des élèves, enseignants et personnels d’éducation du Collège Françoise Dolto pour interpréter ses personnages. Toutefois, le film reste bel et bien une fiction et nous épargne toute mention « Inspiré de faits réels ».

Évitant une bande originale misérabiliste pour souligner son propos, Entre les murs fait l’économie de mouvements de caméra grandiloquents et privilégie les champs-contrechamps. Le réalisateur décide ainsi de faire pleinement confiance aux interactions des protagonistes. La vitalité du film transparaît particulièrement via ces jeunes comédiens et comédiennes qui, loin de la simple récitation, offrent un jeu étonnant de crédibilité. Entre les murs n'est pas tout à fait un film « réaliste » : il se situe sur le fil, dans un entre-deux particulier, et c'est ce qui le rend si captivant.

Si les jeunes acteurs et actrices ne sont pas formés au jeu pour la plupart et sont effectivement scolarisés dans un collège dit de REP, leurs trajectoires sont romanesques, et non calquées sur leurs vécus.

La classe formée par Laurent Cantet offre une riche diversité concernant les origines des élèves. Ainsi le réalisateur dépasse la représentation classique du professeur contre le groupe d'élèves et prend le temps de faire ressortir les singularités de ces derniers au travers de nombreux gros plans. On regrette néanmoins que les attributions de rôles tendent parfois vers les stéréotypes, en cantonnant l’origine présumée des élèves à certains traits de caractère.

Entre les murs dépeint cependant avec agilité un contexte scolaire de plus en plus tendu. En retardant une altercation violente entre l’enseignant et plusieurs jeunes, climax assez prévisible et attendu, le cinéaste privilégie la rencontre plutôt que le choc entre les élèves et le professeur.

Image : © Georgi Lazarevsk - Pierre Milon

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