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« Crazy Bear » : un réjouissant slasher qui retombe bien sur ses pattes
- Claude Garcia
- 2023-03-14
Inspiré par l’histoire vraie d’un ours noir qui, en 1985, a trouvé des grammes de cocaïne dans la forêt de Chattahoochee-Oconee, en Géorgie, et est devenu accro à la poudre, le slasher potache de la cinéaste et actrice américaine Elizabeth Banks (vue notamment dans « Spider-Man » ; « 40 ans, toujours puceau ») nous a cueillis, malgré ses imperfections.
Les critiques français ne sont pas tendres avec elle. Certains parlent de « ratage », d’autres pointent son scénario décousu ou son rythme bancal. Un retour bien crispé, donc, sur une comédie vendue comme folle, débridée, « WTF » par certains sites un peu attrape-cliques. Elle nous a, pour notre part, gentiment amusé, précisément parce qu’elle semble assumer à fond son côté raté, en digne héritière des films Z.
Revenons à nos moutons, ou plutôt à cette ourse folle (le film était à l’origine titré Cocaine Bear, mais a été édulcoré) : une innocente bête transformée en créature assoiffée de coke et de sang (reproduite en images de synthèses un peu cheap) que l'on voit malheureusement trop peu à l’écran. Autour d'elle s’agrège une série de personnages plus délirants les uns que les autres : un couple d’amoureux de la nature qui s’extasie devant la beauté des paysages ; deux collégiens qui sèchent les cours et une mère – géniale Keri Russell – qui part à leur recherche ; une shérif transie d’amour ; ou bien encore des dealers - dont Ray Liotta, qui offre ici son dernier rôle – et des flics, amenés évidemment à se confronter ; un petit chien coquet (qui a fait notre joie)…
Si elle n’est pas très réaliste, on l’accorde volontiers, la convergence de tous ces personnages dans la forêt amène son lot de sketchs inégaux, certes, mais dans l’ensemble vraiment réjouissants. Au-delà de son entêtement à vouloir poursuivre coûte-que-coûte la farce, on aime le fait que cette comédie puisse évoquer en creux les travers de la société américaine, son goût pour la violence et les armes à feu. Qu’elle souligne sans en avoir l’air la propension absurde et débile des hommes à vouloir marquer leurs territoires, tout en ayant un sous-texte écolo. Il y a un peu de l’esprit délicieusement ironique et distancé des frères Coen dans ce brouhaha empoudré – on pense notamment à une séquence épique de course poursuite en ambulance. On ne tirera donc pas de notre côté sur cette dernière – on a passé un bon moment et le film n’est absolument pas prétentieux. On espère que le blason du film sera un jour redoré.