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CANNES 2024  · « All We Imagine As Light » de Payal Kapadia : les fantômes de Mumbai

  • Damien Leblanc
  • 2024-05-27

[CRITIQUE] Centré sur les destins professionnels et affectifs de deux infirmières vivant dans le tourbillon urbain de Mumbai, cette superbe fiction de Payal Kapadia regarde la condition féminine en Inde d’un œil réaliste tout en s’ouvrant à la rêverie et à la sensualité. Le film a reçu le Grand prix au dernier Festival de Cannes.

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Devenue cinéaste à suivre avec son documentaire Toute une nuit sans savoir, qui remporta l’Œil d’or à Cannes en 2021 et abordait les révoltes survenues dans des universités indiennes, Payal Kapadia revient avec un premier long métrage de fiction au titre rêveur, All We Imagine As Light.

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D’abord situé dans le bouillonnement de Mumbai, mégalopole exposée aux bruits assourdissants et au ballet incessant des transports urbains, le film entremêle avec brio le destin de plusieurs femmes. L’infirmière Prabha (Kani Kusruti), mariée à un homme absent travaillant en Allemagne, habite en colocation avec sa collègue Anu (Divya Prabha), qui vit une relation secrète avec un jeune homme musulman avec lequel elle ne parvient pas à faire l’amour, faute d’endroit intime.

Les deux femmes vont devoir aider une amie veuve, Parvaty (Chhaya Kadam), ultime locataire d’un immeuble en voie de destruction. Un voyage dans un village côtier va offrir l’occasion d’une grande respiration et de retrouvailles avec la nature. Brillant par la description de l’atmosphère nocturne de Mumbai et par sa manière éclatante d’entremêler les vies professionnelles, sentimentales et fantasmatique de ses héroïnes, Payal Kapadia réussit dans la première partie à faire coexister l’étouffement de la ville et de discrètes trouées libératrices.

Cette aspiration à la liberté va se concrétiser lors de la deuxième partie du récit sous la forme d’un séjour des héroïnes au bord de la mer, sur le littoral de Konkan. Si cette structure en deux parties peut évoquer la filmographie d’un certain Apichatpong Weerasethakul (Tropical Malady, Oncle Boonmee) et s’ouvrir aux fantômes, aux fantasmes et aux spectres rassurants, Payal Kapadia signe une œuvre unique par son affirmation d’un féminisme sensoriel. Et la cinéaste de redonner souffle et vitalité au cinéma indien en montrant la beauté des existences rêvées et des cœurs indécis.

Le film sortira en salles le 2 octobre.

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