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  • 5 min

« Adieu les cons » d’Albert Dupontel : dystopique et sans fard

  • Damien Leblanc
  • 2020-10-14

Albert Dupontel accueille la géniale Virginie Efira pour dessiner une France quasi déshumanisée qu’il habille d’humour noir et de sentimentalité exacerbée. Une fable politique à revoir ce soir sur France 2, à 21h10.

Albert Dupontel accueille la géniale Virginie Efira pour dessiner une France quasi déshumanisée qu’il habille d’humour noir et de sentimentalité exacerbée. 

Coiffeuse touchée par une maladie incurable, Suze (Virginie Efira) veut consacrer le peu de temps qu’il lui reste à rechercher l’enfant dont elle a accouché sous X lorsqu’elle avait 15 ans. Sa quête administrative lui fait croiser la route d’un fonctionnaire spécialisé en sécurité informatique, JB (Albert Dupontel), qui a tenté de se suicider sur son lieu de travail. Traqué par la police à la suite d’un sanglant quiproquo, le quinquagénaire déprimé se voit contraint d’aider Suze à retrouver son fils, désormais âgé d’une vingtaine d’années. Dans sa course contre la montre effrénée, le duo entraîne avec lui un archiviste (Nicolas Marié) rendu aveugle par une bavure policière…

Comédie burlesque et révoltée, Adieu les cons suit la cavale d’individus désespérés dans une France hyper technologique au bord de la déshumanisation et rend ouvertement hommage à Brazil de Terry Gilliam (qui fait une apparition dans le film). Albert Dupontel met ainsi en images un monde formaté par des méandres administratifs kafkaïens et des lotissements bien ordonnés qui brisent les rêves dans l’œuf.

Après son adaptation d’Au revoir là-haut, le cinéaste reconduit avec ce scénario original son goût pour les accidentés de la vie qui s’épaulent afin de mener à bien une entreprise subversive. Portée par son héroïne au corps intoxiqué mue par l’amour, cette fable survoltée donne libre cours à une mélancolie sans fard et à une sentimentalité palpable… jusqu’à une brutale conclusion qui exprime le profond désenchantement d’un Albert Dupontel ne se cachant plus derrière l’absurdité pour inoculer sa noirceur.


3 DÉCENNIES D’ALBERT DUPONTEL

BERNIE (1996)

Révélé dans les années 1990 par des sketchs télé et des one-man-shows, Albert Dupontel saute le pas du grand écran avec cette comédie décapante dont il est scénariste, acteur et réalisateur. Histoire d’un garçon névrosé qui quitte l’orphelinat à 30 ans et sème le désordre à coups de pelles, Bernie est nommé pour le César du meilleur premier film.

ENFERMÉS DEHORS (2006)

Après deux films centrés sur un seul individu incarné par lui (Bernie, Le Créateur), Albert Dupontel s’ouvre davantage au collectif avec ce troisième film. Dans la peau d’un SDF qui s’habille en policier pour manger à la cantine du commissariat, l’acteur-­cinéaste signe un pamphlet social et cartoonesque en forme d’ode à la communauté des opprimés. Petit best-of ci-dessous:

AU REVOIR LÀ-HAUT (2017)

Adaptation du roman de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013, cette fresque raconte une arnaque aux monuments aux morts montée par des rescapés des tranchées après la Première Guerre mondiale. Récompensé du César du meilleur réalisateur, Dupontel confirme, avec cet immense succès public, qu’il est une valeur sûre du cinéma français.

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