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« Edna O’Brien » de Jérôme de Missolz à voir sur mk2 Curiosity
- Trois Couleurs
- 2020-04-21
À travers ce court mais passionnant documentaire, à voir gratuitement grâce à mk2 Curiosity jusqu’à demain, Jérôme de Missolz retrace le parcours complexe d’Edna O’Brien, grande autrice dont les textes féministes, nimbés de noirceur, lui ont valu d’être censurée au début de sa carrière, avant qu’elle ne soit mondialement reconnue comme l’une des figures de proue de la littérature irlandaise.
Mise à jour le 23 /04/ 2020. Ce film n’est désormais plus accessible. Découvrez les films offerts sur mk2 Curiosity en cliquant ici
De Londres aux dédales de la campagne irlandaise, le cinéaste et journaliste Jérôme de Missolz (disparu en 2016, il a signé de géniaux documentaires comme You’ll never walk alone) a suivi l’autrice Edna O’Brien, figure incontournable de la littérature anglophone dont les écrits féministes, sensuels et noirs ont bousculé les codes – ses trois premiers romans (Les Filles de la campagne, The Lonely Girl et Girls in Their Married Bliss), qui formèrent une trilogie parue entre 1960 et 1964, furent interdits et, pour certains, brûlés en Irlande, du fait de leur caractère sexuellement explicite.
C’est en s’imprégnant de la beauté de ces textes sulfureux et de la manière dont la romancière s’est toujours aventurée dans ce qu’elle nomme elle-même les « zones dangereuses de la littérature » que le documentaire prend des allures d’enquête, de roman noir, allant chercher dans l’histoire intime d’Edna O’Brien les clefs de compréhension de ses oeuvres. De son enfance dans un patelin irlandais, marquée par une éducation stricte (son père, alcoolique, a plusieurs fois menacé de mort sa famille, tandis que sa mère, croyante, fut très autoritaire) à son émancipation, permise par les découvertes littéraires qui ne cesseront d’alimenter l’imaginaire de celle qui considère les grands textes comme de la nourriture (Joyce, Tchekhov…), le film pénètre les fascinants labyrinthes de sa pensée.
Si le documentaire raconte avec clarté ces liens, il devient saisissant quand il incarne dans sa forme les obsessions de l’autrice (la religion, la sexualité, la mort…). Dans des séquences plus noires et hallucinatoires, qui épousent la psyché tourmentée des personnages de la romancière, le film nous enfonce à ses côtés dans des forêts chargées de mystères, de faits divers qui l’ont inspirée. Et qui nous inspireront à nous, âmes sensibles, de sacrées nuits blanches.