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« Careless Crime » : feu salvateur

  • Éléonore Houée
  • 2021-10-29

Quarante ans après l’incendie d’un cinéma à Abadan, Shahram Mokri imagine que quatre hommes tentent de remettre ça dans l’Iran actuel. En résulte une œuvre troublante où s’entremêlent passé et présent, réel et fiction.

Le cinéma de Shahram Mokri est un cinéma de la désorientation : dans Fish & Cat (2014) puis dans Invasion (2018), le réalisateur iranien s’amusait déjà à perturber la chronologie avec l’emploi de flash-back. En 1978, dans les prémices de la révolution iranienne, des criminels ont incendié le cinéma Rex, l’accusant de véhiculer la propagande occidentale. Obsédé par les résonances du passé dans le présent, Mokri imagine, dans Careless Crime, la volonté de quatre hommes de prolonger de nos jours le geste de 1978 en mettant le feu – sans toutefois vouloir faire de victimes – à une salle de cinéma bondée.

Mais leur action est sans cesse retardée par des événements inattendus, le cinéaste s’amusant à tourner en ridicule ces personnages apathiques, à la limite du stupide. C’est surtout le prétexte à une mise en scène labyrinthique qui alterne entre les tentatives ratées de l’attentat, en coulisses, et des séquences de la fiction projetée dans le cinéma, donnant l’impression vertigineuse d’un film dans le film. Au fil de ce tourbillon de gestes, de mots et d’histoires qui se rejouent inlassablement (comme lors d’un magistral plan-séquence), l’exercice de style se fait plutôt confirmation de la belle audace du cinéaste, reconduite elle aussi de film en film.

Careless Crime de Shahram Mokri, Damned (2 h 14), sortie le 3 novembre

Image (c) Copyright Damned Films

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