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« Indiana Jones et le Cadran de la destinée » de James Mangold : temps Ford 

  • Damien Leblanc
  • 2023-05-19

Cinquième volet des aventures du célèbre archéologue, mais tout premier qui n’est pas réalisé par Steven Spielberg, ce réjouissant blockbuster s’amuse avec le concept de temps et offre un écrin doré à un Harrison Ford plus émouvant que jamais.

Après une trilogie culte qui encadrait parfaitement les années 1980 (le premier film, Les Aventuriers de l'arche perdue, est sorti en 1981 et le troisième, La Dernière Croisade, en 1989), la saga Indiana Jones avait connu en 2008 un quatrième volet, Le Royaume du crâne de cristal, à la qualité très contestée. Quinze ans plus tard, l’épopée du légendaire archéologue aventurier connaît une conclusion qui devrait être l’ultime apparition dans le rôle d’Harrison Ford, désormais âgé de 80 ans. Réalisé par James Mangold (CoplandLoganLe Mans 66), Indiana Jones et le Cadran de la destinée se doit donc de gérer quarante ans de mythe cinématographique. De gestion temporelle, il en est précisément question dans ce récit qui démarre en 1944 lors d’une longue séquence d’action où Indiana Jones se trouve aux prises avec ses sempiternels ennemis nazis. 

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Appliquant au visage d’Harrison Ford la technique du De-aging (rajeunissement numérique), cette exposition a quelque chose d’étrangement dévitalisée malgré la prouesse des cascades. C’était sans compter sur le fait que l’engourdissement du personnage occupe justement le cœur du film puisqu’un bond temporel nous amène ensuite en 1969, où Indiana Jones vit désormais seul à New York et s’apprête à prendre sa retraite de professeur. Dépassé par le mouvement de la jeunesse (amusante séquence où Indy ne supporte pas que ses voisins fassent la fête en écoutant les Beatles), ce héros vieillissant va recevoir la visite de sa filleule Helena Shaw (épatante Phoebe Waller-Bridge, créatrice et actrice de la série Fleabag) qui est à la recherche du cadran d’Archimède, appareil qui aurait le pouvoir de localiser les fissures temporelles. L’aventurier vétéran se voit alors entraîné pour un dernier tour de piste entre Maroc, Grèce et Sicile, afin de contrecarrer les plans du terrible Jürgen Voller (Mads Mikkelsen) qui cherche coûte que coûte à mettre la main sur le cadran. 

Si cette base scénaristique paraît recycler les stratagèmes visant à l’éternel recommencement des sagas hollywoodiennes, le film de James Mangold surprend par le soin qu’il apporte à la figure d’Indiana Jones, homme bousculé dans ses certitudes par l’arrivée de son énergique filleule. Indy a beau revendiquer dès sa première réplique son goût de la solitude, c’est au contraire l’élan collectif d’une petite troupe solidaire qui poussera le héros à sortir de ses retranchements. Situé à la période où l’Amérique vient d’envoyer les premiers astronautes sur la Lune, le film raconte de façon ludique qu’après la maîtrise de l’espace, c’est la maîtrise du temps qui se met à alimenter tous les fantasmes. Et ce cinquième volet évite justement de trop verser dans la nostalgie gratuite en montrant un Indiana Jones qui cesse soudain de se reposer sur son seul passé pour accepter le vieillissement et embrasser son époque. Pour Harrison Ford, au regard plus touchant et pétillant que jamais, comme pour James Mangold, à l’aise dans les séquences d’action les plus farfelues, la mission est fièrement accomplie.

Indiana Jones et le cadran de la destinée de James Mangold, Walt Disney (2 h 22), sortie le 28 juin

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