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  • Cannes 2023
  • Critique
  • Article
  • 4 min

« Anatomie d’une chute » de Justine Triet, vertiges du couple

  • Damien Leblanc
  • 2023-05-21

[CRITIQUE] À la fois tragédie familiale, film de procès, dissection post-mortem d’un couple et portrait d’une héroïne en quête d’intégrité, le nouveau Justine Triet, Palme d'or du dernier Festival de Cannes, multiplie les pistes narratives et stylistiques pour offrir un palpitant traité d’ambiguïté contemporaine.

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Après trois premiers films (La Bataille de Solférino, Victoria et Sibyl) qui redessinaient chacun à leur manière la comédie sentimentale d’auteur, Justine Triet franchit un nouveau cap avec Anatomie d’une chute, récit à la dimension ouvertement dramatique et criminelle qui frappe par l’intensité de son dispositif.

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S’ouvrant par une séquence où une écrivaine (jouée par Sandra Hüller, impressionnante) est interviewée à son domicile au milieu des montagnes, tandis que son compagnon (Samuel Theis) et leur fils malvoyant de 11 ans (Milo Machado Graner) se trouvent à l’étage, le film installe d’emblée une atmosphère étouffante. Quelques instants plus tard, la vue du corps inanimé dudit compagnon, gisant dans la neige au pied de la maison, fait basculer dans la tragédie judiciaire et le cheminement narratif va consister à établir la vérité sur cette mort suspecte, façon aussi pour la cinéaste de décortiquer l’histoire de ce couple et d’exposer à la conscience de leur enfant tous les dysfonctionnements dont souffrait la relation entre ses parents.

La grande force de cette œuvre co-écrite avec Arthur Harari (réalisateur d’Onoda) est d’interroger en permanence les motivations et agissements des personnages. À travers notamment de trépidantes scènes de procès où les rapports de force paraissent étrangement déséquilibrés - Swann Arlaud joue ainsi l’avocat quelque peu effacé de l’héroïne accusée de meurtre, face à un Antoine Reinartz qui incarne un offensif avocat général amenant un contrepoint comique par ses déroutantes remarques sociétales -  et à des propositions stylistiques inspirées (dont l’utilisation récurrente de l’obsédante version instrumentale du titre P.I.M.P. de 50 Cent), Justine Triet déploie un univers hostile autour d’une héroïne qui se trouve au bord du gouffre.

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Poignant dans son portrait d’un couple qui a échoué à organiser sa vie dans l’harmonie et la réciprocité, Anatomie d’une chute traite d’arrachement à soi-même et fait planer tout du long un vent d’ambiguïté morale et d’indécision sentimentale. Jusqu’à un plan final enfin apaisé qui conclut superbement ce portrait d’une femme cherchant à reprendre son destin en main malgré le brouillard du réel.

Du 24 août au 7 septembre, plusieurs films de Justine Triet sont à découvrir gratuitement sur mk2 Curiosity, ainsi que sa sélection de films parmi le catalogue de la plateforme. C’est ici.

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