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Hélène Frappat : « L’image naïve de "La Divine Comédie" me rappelle la légende maternelle avec laquelle j’ai grandi »

  • Marguerite Patoir-Thery
  • 2023-10-06

L’écrivaine et critique de cinéma Hélène Frappat est l’invitée ce mois-ci de mk2 Institut. À cette occasion, et à celle de la parution de son livre "Le Gaslighting ou l'art de faire taire les femmes" (Éditions de l’Observatoire), nous lui avons demandé de nous livrer, en deux images et un objet, quelques extraits de son cabinet de curiosités.

TABLEAU

« C’est un portrait de ma mère peint par mon père. Père et mère ont disparu, mais l’image est ineffaçable. Elle m’a suivie dans tous mes déménagements ; elle me regarde, au point que j’ai choisi ce tableau en couverture de mon deuxième roman, L’Agent de liaison (Allia, 2007), afin qu’il regarde à son tour les lecteurs. Veille-t-il sur eux (et sur moi) ? Ou bien exerce-t-il la même fascination vénéneuse que le portrait de Gene Tierney dans Laura d’Otto Preminger (1946) ? Laura s’ouvre sur une formule d’envoûtement : “I shall never forget the weekend Laura died…” Je l’ai revu récemment. J’avais oublié que Laura la morte ne meurt pas. Mon seul souvenir, c’était le portrait de Gene Tierney. Une fois encore, il m’a rappelé le visage de ma mère morte qui, dans mes rêves, ne meurt jamais. »

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GRAVURE DANTE

« La gravure de la taille d’une carte postale date de l’époque où mes parents ont vécu à Florence. Ils survivaient en repeignant des gravures à l’aquarelle. C’est l’un des rares indices que je possède sur leur relation. L’image naïve de La Divine Comédie de Dante me rappelle la légende maternelle avec laquelle j’ai grandi. Le nom Lanfranchi, commun à mes deux grands-parents maternels, aurait sa source au neuvième cercle de L’Enfer, chant XXXIII. Petite, je sillonnais le maquis corse comme la “selva oscura”, forêt obscure des premiers vers de La Divine Comédie que ma mère m’apprenait. J’aimais cette filiation fictive et nos ancêtres dantesques, les Lanfranchi, qui chassent les loups accompagnés d’une meute de “chiennes maigres, hargneuses et très promptes”. »

FIGURINE SNAKE PLISSKEN

« Dans New York 1997 de John Carpenter (1981), les marginaux et déviants du système libéral sont enfermés dans l’île de Manhattan transformée en mouroir pour damnés de la terre. J’ai vu le film à l’époque où il se déroule. Comme toutes les grandes œuvres fantastiques, c’est un documentaire rigoureux sur la relégation, l’exploitation, le cynisme capitalistes. Le “héros” anarchiste, interprété par Kurt Russell, revient d’entre les morts pour tout foutre en l’air –“Call me Snake”, “My name is Plissken”, “I thought you were dead!”. Paris, 2023. Bientôt les Jeux olympiques. La relégation, l’exploitation et le cynisme règnent. Ma figurine préférée n’est pas Barbie, mais le cyclope carpentérien qui contemple le show capitaliste de son œil goguenard, en se demandant s’il va s’allumer une clope avant de tout faire péter. »

« Hélène Frappat. Le “gaslighting”, un outil de domination ? »

Rencontre modérée par la journaliste Cécile Daumas (Libération), suivie d’une signature le 16 octobre, au mk2 Bibliothèque, à 20 h

séance avec livre : 21 € | − 26 ans : 5,90 € | étudiant, demandeur d’emploi, porteur carte UGC/mk2 illimité : 9 € | tarif normal : 15 €

Le Gaslighting ou l’art de faire taire les femmes d’Hélène Frappat (Éditions de l’Observatoire, 288 p., 21 €)

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