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À voir en ligne : « Les Héros sont immortels » d’Alain Guiraudie

  • Raphaëlle Pireyre
  • 2021-09-02

À l’occasion de la sortie en librairie de « Rabalaïre », deuxième roman publié d’Alain Guiraudie, on revoit son premier court métrage, en accès libre sur Arte. Un film libre et maîtrisé dans lequel il joue un journaliste amateur aussi blasé que loquace.

LE FILM : Les Héros sont immortels 

Dans l’obscurité, une silhouette traverse prestement les rues d’une petite ville. Le jeune homme rejoint un comparse devant l’église. Chaque soir, au même endroit, ils attendent quelques heures, espérant croiser « Machin », un inconnu qui écrit de mystérieux poèmes sur les murs des cités alentours. Les deux amis tuent le temps, se perdant dans des hypothèses sur la meilleure façon de mettre la main sur ce troubadour anonyme, sur les articles de leur fanzine dont le titre, « la coquille », révèle que l’erreur est au cœur de leurs vies et sur un éventuel projet de film.

Dans cette forme toute simple où des moments de nuits se succèdent, Alain Guiraudie pose ce qui fera la singularité de son cinéma. Des corps nerveux qui tournent en rond dans un territoire, l’Aveyron, celui des hauts plateaux et des villes désertes où rien ne se passe, sauf – le plus important – les soirées avec les amis et les ambitions artistiques. Une langue mi-poétique, mi terre-à-terre qui vagabonde à travers tous les possibles et qui faisait de Guiraudie, déjà, un écrivain.

LE REALISATEUR : Alain Guiraudie

 On attendait son sixième long métrage, Viens je t’emmène, passion amoureuse sur fond d’attentat terroriste. Mais c’est avec un roman fleuve (plus de 1000 pages, tout de même !) qu’Alain Guiraudie nous donne de ses nouvelles. Rabalaïre, paru chez P.O.L. est un long monologue intérieur qui prend pour décor le Massif central, de l’Aveyron à Clermont-Ferrand, traversé au rythme d’escapades en vélo.

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Comme l’était déjà Ici commence la nuit (2014), qui s’ouvrait par le récit de l’arrestation violente du narrateur par un policier scatophile auquel il vouait ensuite une passion aussi dévorante que dangereuse. Guiraudie reprenait dans ce roman les personnages et les situations de L’Inconnu du lac, son film de 2013 qui l’a fait connaître d’un plus large public et qui faisait la chronique d’un lac où la liberté des rencontres homosexuelles était troublée par la mort suspecte d’un jeune homme. Il y explorait de manière passionnante les frontières entre l’introspection littéraire et le dialogue de cinéma.

Grand découvreur d’acteurs (Pierre Deladonschamps, Damien Bonnard tiennent pour lui leurs premiers grands rôles), le réalisateur raconte, œuvre après œuvre, les affres de jeunes hommes ruraux pris entre la force de leur libido et la peur de se perdre dans leur quête de liberté. Tout comme le cycliste de Rabalaïre.

: Rabalaïre d'Alain Guiraudie (éditions P.O.L, 1040 p.)

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