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5 raisons de voir « Dune » au ciné (et pas sur son canapé)

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  • 2021-09-10

"Dune". Part one, le film tant attendu de Denis Villeneuve, nouvelle adaptation du roman de Frank Herbert réputé impossible à porter à l’écran, sort enfin en salles mercredi 15 septembre après de multiples reports dus à la situation sanitaire. On a pu voir le film en avant-première mondiale à la Mostra de Venise et on en est sortis tout secoués. On vous explique pourquoi c’est une expérience à vivre en salle.

Parce qu’un film culte, ça se regarde sur grand écran

Timothée Chalamet + Zendaya + la légende d’une œuvre inadaptable. Le calcul est vite fait. A 25 ans, Chalamet et Zendaya sont les jeunes acteurs les plus en vue du cinéma mondial. Dans Dune, l’acteur de Call Me By Your Name campe le héros, Paul Atréides, héritier du duc Leto Atréides qui est envoyé par l’Empereur de la galaxie sur la planète désertique Arrakis pour y faire régner la paix avec les autochtones tout en continuant d’en exploiter la précieuse ressource : l’Epice.

Zendaya, célèbre pour la série Euphoria et le film Spider-Man : Homecoming, interprète Chani, une habitante d’Arrakis que Paul ne cesse de voir dans ses étranges visions du futur, sans jamais l’avoir rencontrée.

Pour adapter le classique de SF de Frank Herbert, Denis Villeneuve a tâché d’éviter les écueils, tirant des leçons des échecs de ses prédécesseurs : David Lynch en avait déjà réalisé une adaptation avec Kyle MacLachlan, en 1984, qu’il n’a jamais assumée (déplorant notamment de ne pas avoir eu le final cut), et Alejandro Jodorowsky qui n’a jamais réussi à faire l’adaptation de ses rêves (l’histoire de ce projet avorté est racontée dans un documentaire, Jodorowsky’s Dune, sorti en 2013).

Pour mettre toutes les chances de son côté, Denis Villeneuve a choisi d’adapter le roman en un diptyque, et donc de se donner le temps de raconter cet ample récit, qui convoque un imaginaire à la Game of Thrones avec ses « maisons » ennemies et ses luttes sanglantes pour le pouvoir. Au vu de ce premier volet, on est clairement dans la lignée des 6 premiers Star Wars, de la saga Avatar ou encore d’Harry Potter auquel Timothée Chalamet a d’ailleurs comparé Dune. Pardon mais un film (déjà) culte, ça se découvre sur grand écran.

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Pour les trouvailles visuelles à tomber

On savait que Denis Villeneuve était l’un des meilleurs cinéastes contemporains, très attaché à renouveler visuellement la SF. Entre le vaisseau extraterrestre en forme de demi-œufs oblongs atterrissant dans des plaines majestueuses et embrumées dans Premier Contact et les tempêtes urbaines de sable rouge-orange dans Blade Runner 2049, le cinéaste québécois nous a déjà offert de purs moments de grâce sur grand écran.

Dune lui donne l’occasion de pousser encore plus loin son sens de l’esthétique qui flirte avec l’art contemporain : quand il filme la luxuriante planète du héros, Paul Atréides, derrière lequel décollent de gigantesques vaisseaux-bâtiments qui semblent comme suspendus dans l’espace-temps.

Quand il met en images la brûlante planète Arrakis, entièrement recouverte de sable sous lequel grouillent de terrifiants vers géants près à gober le moindre être vivant qui tremble à la surface. Mais aussi – surtout – avec le méchant baron Vladimir Harkonnen, absolument glaçant, que le cinéaste nous dévoile progressivement : on voit d’abord sa silhouette étrange dissimulée dans la vapeur d’eau, puis il déplace sa carcasse en lévitant , avant de tremper dans un bain de liquide noir semblable à du pétrole. Des images et des ambiances qui marqueront longtemps les esprits.

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Pour les Bene Gesserit, cette organisation badass et surpuissante exclusivement composée de femmes

Elles sont les sorcières de l’espace dont on ne fait qu’apercevoir l’étendue des pouvoirs et des influences dans cette première partie. Pourtant, elles sont partout, tapies dans l’ombre, ourdissant leur plan pour étendre leur pouvoir : le visage dissimulé sous des voiles dans des recoins des plans, en hors-champ sonore quand elles murmurent des ordres par télépathie avec des voix d‘outre-tombe (et ça fait vraiment flipper).

L’une des grandes scènes du film, dans la première partie, montre la prêtresse de l’ordre des Bene Gesserit (sous le voile noir, on reconnait les traits et surtout le timbre de voix inimitable de Charlotte Rampling) faire passer une épreuve terrassante de souffrance au héros. Alors même que celui-ci l’a remportée, la prêtresse se plaint à sa mère, disciple de l’ordre : pourquoi a-t-elle enseigné ses pouvoirs à un garçon, alors que ces secrets ne se transmettent traditionnellement qu’entre femmes ?

Les Bene Gesserit sont aussi incontestablement le cœur effrayant que le moteur de cette adaptation, et on ne voit pas vraiment comment entendre ses pulsations sourdes sur les enceintes nazes d’un ordinateur ou d’une télé.

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 Parce que c’est un pur opéra

Dune a été conçu comme un opéra par le réalisateur et le compositeur, le très grand Hans Zimmer (les B.O. des films de Christopher Nolan et de Steve McQueen, mais aussi des Pirates des Caraïbes, c’est lui). Le cadre et l’ampleur de Dune donnent à celui-ci l’écrin parfait pour transcender le récit de son style orchestral monumental, entre salve de cuivres tonitruants donnant profondeur et relief aux scènes d’action épiques et puissants chœurs de voix féminines.

A la manière d’un Kubrick qui faisait de son space opera 2001. L’odyssée de l’espace un véritable opéra - au sens classique - en convoquant les partitions de compositeurs de renoms (Richard Strauss, Johann Strauss ou encore le hongrois György Llgetl), Denis Villeneuve et Hans Zimmer donnent une dimension majestueuse et dantesque au récit de Frank Herbert en lui conférant une empreinte sonore qui restera dans les annales du genre. On en a encore le poil dressé.

Pour débattre sur des sujets ultra contemporains avec les autres spectateurs après la séance

Le cinéaste canadien, qui avait signé en 2008 un court métrage intitulé Next Floor dénonçant les travers du capitalisme sous forme d’allégorie, ne s’y est pas trompé : les thématiques de Dune, publié en 1965, sont on ne peut plus contemporaines. Réchauffement climatique, occupation territoriale et résistance, mondialisation (ici à l’échelle d’une galaxie entière), écologie, féminisme...  Notons que le jeune héros tient ses plus grands pouvoirs de sa mère (disciple du Bene Gesserit, donc), ce qui donne lieu à une vibrante relation mère-fils, ce qu’on n’avait jamais vu de manière si développée dans le registre de la science-fiction.

Sur leur nouvelle planète Arrakis, les conditions sont si hostiles à l’être humain qu’il a fallu aux autochtones, les Fremen, déployer des trésors d’ingéniosité pour survivre : là où les envahisseurs – soit les peuples envoyés par l’Empereur pour asservir les autochtones – ont choisi des bâtiments et équipements lourds et imposants, comme les immenses portes du palais qui sont scellées la journée pour garder l’intérieur au frais – les primo-habitants ont opté pour une adaptation organique avec leur environnement : combinaison recyclant la sueur en eau potable, invention d’une démarche étonnante pour se déplacer dans le désert (selon une chorégraphie imaginée par le danseur Benjamin Millepied) sans alerter l’attention des vers géants… Les échos avec l’actualité sont si nombreux que le débat à la sortie de séance s’avère infini.

Images : Copyright 2020 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved./Courtesy of Warner Bros. Pictures and Legendary Pictures

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