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3 questions à Jeanne Métivier, voix française de l’héroïne de « Valentina »
- Julien Dupuy
- 2023-03-21
« Valentina », récompensé du Goya du Meilleur film d’animation en 2022, est un voyage dans la tête de la petite héroïne éponyme. Atteinte de trisomie 21, la fillette affronte ses peurs et les préjugés dans l’espoir de réaliser son rêve : devenir trapéziste. Dans la version française, Valentina a la voix de Jeanne Métivier, jeune femme passionnée, volontaire qui, elle aussi, compose avec son handicap pour se bâtir une carrière surprenante et très prometteuse.
Comment es-tu arrivée sur ce film ?
J’ai 24 ans, bientôt 25. Ça fait longtemps que je veux faire de la radio. Depuis le premier confinement, je fais des podcasts, d’abord seule puis avec Binge Audio. Avec mon émission, Dans Les yeux de Jeanne, je parle de plein de trucs différents : le corps, l’amour, la fratrie, les amitiés, la musique. C’est ma façon de me poser des questions sur tous ces sujets, je peux plus facilement m’exprimer comme ça. C’est grâce à ces podcasts que j’ai pu faire ce doublage : ils cherchaient une personne qui avait la trisomie 21 pour faire la version française et ils ont aimé ma voix.
Te reconnais-tu dans le personnage de Valentina ?
J’ai adoré le film : c’est mon histoire. Valentina veut faire du trapèze, moi je voulais faire de la radio. Il y a cette chose qui nous dit : « Tu peux pas faire ce genre de truc. » Et pourtant elle y arrive. Je me suis reconnu là-dedans. À un moment, elle dit qu’elle en a marre d’être trisomique, et moi aussi j’en ai marre d’être trisomique des fois. Elle dit aussi : « J’ai envie d’essayer des choses nouvelles », et ça aussi c’est très moi.
Comment s’est déroulé le doublage ?
Nous n’étions que trois, dont ma maman, et ça c’était super. C’était un petit peu difficile à un moment donné parce qu’il y a à la fois l’image et les répliques à lire sur l’écran. Faire les émotions était dur, la colère surtout : je me suis dit des choses pas très agréables dans ma tête et j’ai pu vraiment m’énerver. Pour le rire, ils m’ont montré des extraits des Minions avec un casque, et je me suis mise à rigoler, c’était super. Je me suis vraiment défoulée ! Ça a duré quatre jours et à la fin des enregistrements j’étais vraiment crevée. Je réécoutais aussi mes enregistrements et au bout d’un moment, je sentais quand ça n’était pas bien, donc je le refaisais. La première fois que j’ai vu le film, je me suis même dit que j’aurais pu faire encore mieux. Mais je suis fière, je suis allée au bout ! Là, je viens de signer mon premier CDI pour travailler sur une radio. Et à la fin du doublage je leur ai dit que s’ils avaient d’autres doublages à faire, je serai là, y’a pas de soucis (rires) !