« Universal Theory » de Timm Kröger : hypnose collective

Début 1970 : Johannes, un physicien échevelé et hagard, présente son roman sur un plateau télé allemand en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une fiction, mais de réalité. Ignorant les réactions moqueuses, il lance un appel à une certaine Karin... Qu’est-il arrivé au prometteur Johannes qui, dix ans plus tôt, défendait une théorie sur l’existence de mondes parallèles au cours d’un congrès de physique dans les Alpes suisses ? A-t-il rencontré ladite Karin à cette époque, ou dans une autre dimension ?

Le réalisateur a été d’abord chef-opérateur, et son esthétique s’en ressent. Nous sommes immédiatement happés par son univers à la fois familier (les ombres de Fritz Lang, d’Alfred Hitchcock et d’Andreï Tarkovski planent) et mâtiné d’inquiétante étrangeté : un univers qui nous paraît identifiable et dont nous perdons peu à peu de vue les contours. L’intrigue s’obscurcit en même temps que les cieux alpins qui, bien vite, menacent.

Nous éprouvons une sensation de vertige comme devant une Montagne magique à l’ancienne (le classique de Thomas Mann) qui rencontrerait la physique quantique. Le film de Timm Kröger peut être vécu comme une séance d’hypnose collective, ce qui est l’essence même du cinéma. Du reste, il a reçu plusieurs prix : à la Mostra de Venise, à l’Étrange Festival et au festival du film fantastique de Sitges.

Universal Theory de Timm Kröger, UFO (1 h 58), sortie le 21 février.