
LE FILM
Raddem est un film-déambulation. La caméra suit une jeune femme (Hiam Abbas), qui revient après la guerre dans son quartier de Beyrouth et y cherche un homme, un photographe. Ce qu’elle trouve est évidemment tout autre : la caméra d’Hélène Louvart fait le point non sur la femme mais sur les rues en ruines qu’elle parcourt. Le titre, Raddem, qui signifie destruction est comme l’éléphant dans la pièce : il n’en est jamais question dans les conversations alors que le quartier n’est que décombres.
Car le premier court métrage de Danielle Arbid est aussi un film de rencontres. Dans sa quête d’un photographe dont tout le monde semble mystérieusement avoir oublié l’existence, c’est finalement elle-même, l’exilée (soit un double de la cinéaste) qui prend en charge de documenter les visages, les intérieurs, la langue de ceux qui ont survécu et continuent d’habiter cette ville fantôme où on fait comme si les disparus n’avaient jamais existé.
Le film est visible sur le site du GREC
LA REALISATRICE
Comme Lina, son héroïne de Peur de rien, (2015) est arrivée en France au début des années 1990 pour fuir la guerre civile au Liban et les conflits familiaux qu’elle a connue enfant, comme elle le fictionne dans son premier long métrage, Dans les champs de bataille (2004).
Elle ne se reconnaît pas dans le style objectif que défendent ses confrères journalistes politiques et prendra la posture résolument inverse pour Seule avec la guerre (2000) enquête documentaire à la recherche des traces laissées par la guerre civile de son pays d’origine qui lui valut le Prix Albert Londres.
Ce goût de la cinéaste de porter son regard sur des figures masculines erratiques donnera Un homme perdu (2007), dans lequel Melvil Poupaud interprète un photographe inspiré par Antoine d’Agata, résurgence du Samir de Raddem. Depuis 15 ans, Danielle Arbid réalise sous forme d’essais des portraits de membres de sa famille restés au Liban qui racontent chacun aussi un visage de son pays.
« Passion simple » : une chronique fiévreuse et crue
Raddem, de Danielle Arbid, 1999, 17 minutes