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Virginie Verrier interviewée par Adèle, 16 ans

  • Cécile Rosevaigue
  • 2023-06-06

« Marinette », c’est le titre du film consacré à Marinette Pichon, immense championne et première footballeuse française star, née en 1975. Adèle, 16 ans, a interviewé Virginie Verrier, la réalisatrice de ce biopic porté par Garance Marillier.

Comment vous est venue l’idée d’écrire ce film ?

J’avais très envie de parler de sport dans mon deuxième film [après À 2 heures de Paris, sorti en 2018, ndlr]. Et j’adore les biopics ! J’ai mené mon enquête, à la recherche d’une femme dont le parcours sportif et personnel pouvait faire l’objet d’un film. Je m’étais fixée comme période entre la fin du XIXe siècle et notre époque. Sans surprise, on trouve beaucoup moins d’ouvrages sur les femmes que sur les hommes. Je me suis rendu compte qu’il n’y avait eu aucun biopic de sportive en France, et même aucun réalisé par une femme dans le monde.

Et pourquoi, finalement, Marinette Pichon ?

Un ami m’a dit, sans même connaître le sujet sur lequel je travaillais : « Marinette Pichon sort son autobiographie [Ne jamais rien lâcher, First Éditions, 2018, ndlr], c’est ton prochain film ! » Je l’ai lue d’une traite et j’ai enchaîné par un déjeuner avec Marinette, qui a immédiatement accepté que j’adapte ce livre. Elle a même ajouté : « C’est toi et personne d’autre ! »

 

Aviez-vous entendu parler d’elle avant ?

Non, à l’époque il n’y avait pas les réseaux sociaux. Son parcours et ses succès aux États-Unis, personne n’en parlait. C’était la meilleure buteuse du championnat. Là-bas, il y avait une véritable « Marinette mania », on pouvait même manger des burgers à son nom ! En France, on n’a rien vu de tout ça. Aujourd’hui encore, les footballeuses françaises ont beaucoup moins de moyens que leurs homologues masculins. Il faudrait qu’elles soient considérées, qu’elles aient des bons salaires pour qu’elles puissent véritablement se consacrer au foot comme les hommes. Il faudrait tout simplement que ce soit équitable.

Garance Marillier : « J’ai toujours pris cher physiquement sur les tournages. »

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Les gens ont-ils tout de suite adhéré à votre projet ?

Au tout début, j’ai vu un ou deux producteurs qui m’ont dit : « Le foot féminin, c’est chiant ; et, en plus, l’héroïne est lesbienne. » J’ai décidé de produire le film seule pour ne pas m’encombrer de ce style de rendez-­vous. J’ai lancé les opérations de financements et, quand j’ai rencontré les diffuseurs comme France Télévision ou Canal+, ils ont très bien réagi et m’ont suivie.

Avez-vous tout de suite pensé à Garance Marillier pour interpréter l’héroïne ?

Je savais que ce ne serait pas facile de trouver une « actrice footballeuse ». Je suivais Garance Marillier sur les réseaux sociaux, comme d’autres actrices que j’aime bien. Pendant le confinement, alors que j’étais en phase d’écriture, elle a publié une vidéo où elle racontait qu’elle jouait au foot dans l’équipe du Gadji FC. Je me suis dit : « Toi, dès que le scénario est terminé, tu es la première à le recevoir. » Elle a été emballée, et sur le tournage elle était aux anges. On a tourné dans des stades gigantesques. Elle a pu allier ses deux passions, le foot et la comédie.

 

Marinette Pichon avait-elle un droit de regard sur le film ?

Je l’avais prévenue que ce ne serait pas une reconstitution, que c’était mon regard sur son histoire et que, une fois écrit, je leur lirai le scénario, à elle et sa femme. Le scénario est parfois un outil assez brut, une suite de séquences, avec les dialogues mais sans les intentions. J’avais envie de lui expliquer ce qu’il y avait derrière les mots, ce que j’allais faire ressortir comme émotions. On a pris quatre heures, et à la fin elle m’a dit : « Allez, tu peux partir en tournage. »

Marinette de Virginie Verrier, The Jokers / Les Bookmakers (1 h 35), sortie le 7 juin, dès 13 ans

PROPOS RECUEILLIS PAR ADÈLE 
(AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE)

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