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« L’Étoile filante » : un thriller euphorique signé Dominique Abel et Fiona Gordon
- Xanaé Bove
- 2024-01-26
[Critique] Sept ans après le charmant « Paris pieds nus » , le tandem belge Dominique Abel et Fiona Gordon s(o)igne son retour avec « L’Étoile filante ». Le couple confirme son statut à part dans la galaxie cinématographique grâce à son style immédiatement identifiable et difficilement imitable.
Boris, barman de L’Étoile filante, vit dans la clandestinité après avoir été lié à un attentat. Son passé resurgit quand une victime le retrouve pour se venger. Quand il croise Dom, son sosie dépressif et amnésique, il voit l’opportunité de brouiller son identité. Mais Boris ignore que Fiona, détective privée, enquête sur la soudaine disparition de son ex-mari, Dom... Dignes héritiers d’une grande tradition burlesque à la Buster Keaton ou à la Jacques Tati, Dominique Abel et Fiona Gordon réussissent « un film noir haut en couleur » – comme l’annonce l’affiche du film –, en empruntant les codes du thriller.
Depuis leur premier court métrage Merci Cupidon, en 1994, leur cinéma unique touche par son fragile art de funambule à base d’acrobaties et de gags loufoques. Le duo travaille avec la même équipe réduite depuis des décennies et s’associe cette fois aux talentueux Birds on a Wire, qui ont composé une musique distillant mélancolie et allégresse, en écho à l’univers à la fois très humain et éthéré des cinéastes.
Auteurs, interprètes et coproducteurs du film, Abel et Gordon vont à l’encontre de l’injonction actuelle à l’efficacité et à la rapidité, préférant recourir à l’absurde et à une poésie candide. Leurs numéros et ceux de leurs complices ad hoc sont chorégraphiés avec un rythme inouï qui nous laisse un sentiment d’euphorie.
L’Étoile filante de Dominique Abel et Fiona Gordon, Potemkine Films (1 h 38), sortie le 31 janvier