« L'air de la mer me rend libre » de Nadir Moknèche : dans la brise

Si l’amour était une musique, probablement aurait-il le son de la mélancolique trompette qu’on entend résonner quand Saïd va voir son amoureux Vincent. À Rennes de nos jours, les deux garçons ne peuvent pourtant pas s’aimer librement. Saïd doit se marier avec Hadjira, ancienne détenue tombée pour deal. L’arrangement est manigancé par les deux mères, plus soucieuses des apparences que du bonheur de leurs enfants. Les deux époux composent une vie de couple morne, égayée pour Hadjira par sa rencontre avec sa voisine, femme libre et indépendante, incarnée par Zahia Dehar. Saïd, de son côté, laisse aller ses désirs dans des plans Grindr foireux et parfois méprisants, avant de recroiser par hasard Vincent.

Bien au-delà du cliché du mariage arrangé dans les familles arabes, Nadir Moknèche dépeint une petite classe moyenne coincée dans ses traditions, mais avec une galerie de personnages féminins très subtils, la mariée (impeccable Kenza Fortas) en tête. Découpé en chapitres par personnage, le film fait naître une très belle histoire d’amitié entre les deux protagonistes, qui arrivent à se soutenir malgré l’ennui et le secret. Le dénouement inattendu mais d’une douceur infinie, face à la mer, nous confirme que son air rend bel et bien libre.

L’air de la mer rend libre de Nadir Moknèche, Pyramide (1 h 30), sortie le 4 octobre