- Critique
- Article
- 2 min
« Jeune cinéma » d’Yves-Marie Mahé : passeur d'images
- Xanaé Bove
- 2023-09-22
[CRITIQUE] Qui mieux qu’Yves-Marie Mahé pour signer ce documentaire sur les fameuses Rencontres cinématographiques de Hyères, éteintes en 1983 ? Avec à son actif plus de quatre-vingts films autoproduits dans le réseau expérimental, le cinéaste en est l’héritier et le passeur.
Jeune Cinéma est le premier film d’Yves-Marie Mahé qui sort en salles. Entièrement constitué d’archives, il ravive chronologiquement le deuxième festival français de cinéma le plus important après son voisin cannois. De 1965 à 1983, le slogan des Rencontres cinématographiques de Hyères était : « Cannes, cinéma d’aujourd’hui. Hyères, cinéma de demain ». Ce qui frappe, c’est la liberté totale de ces Rencontres, au cours desquelles d’interminables débats nocturnes sont ponctués d’invectives et d’insolences. Un quidam suggère de brûler la Cinémathèque, un autre s’interroge sur le bien-fondé de financer le prochain film de Claude Lelouch. Ledit réalisateur vit pourtant son premier film primé à Hyères.
Mahé retranscrit parfaitement ce mélange vivifiant de célébrités et d’inconnus. Bernadette Lafont, Claude Chabrol, Marguerite Duras, Michel Piccoli, Jean-Luc Godard, Henri Langlois… croisent des figures alors émergentes comme Bulle Ogier, Philippe Garrel, Jean-Pierre Kalfon, Guy Gilles, Chantal Akerman, Leos Carax… Si certaines connurent la gloire, d’autres tombèrent dans l’oubli comme Roland Lethem, Yvan Lagrange, Jacques Robiolles… Ces Rencontres ont sorti du ghetto des cinéastes débutants qui récusaient scénario et découpage. Avec un montage trépidant et une bande-son ad hoc du musicien Thierry Müller, Mahé donne une seconde vie à ces iconoclastes via des extraits de leurs films parfois cocasses, souvent provocateurs, toujours novateurs.
Jeune Cinéma d’Yves-Marie Mahé, Carlotta Films (1 h 14), sortie le 27 septembre
Image (c) Carlotta Films