- Critique
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« En route pour le milliard » : mémoire vive
- Quentin Grosset
- 2021-09-24
Dieudo Hamadi suit le voyage des membres de l’Association des victimes de la guerre des six jours, de leur ville de Kisangani jusqu’à Kinshasa, pour se faire entendre des autorités congolaises. Avec force, il donne un vibrant écho à leur lutte pour la réparation.
En juin 2000, pendant six jours, les armées ougandaises et rwandaises se sont affrontées à Kisangani, tuant, selon un rapport de l’ONU, entre 244 et 760 civils, et en en blessant plus de mille. Le cinéaste Dieudo Hamadi, qui est né et a grandi à Kisangani, alors lycéen, avait dû quitter la ville avec sa famille. Deux décennies plus tard, il filme les lieux encore marqués par l’horreur (terrible séquence dans laquelle les rescapés montrent le sol d’une fosse commune, se rappelant la violence des corps amassés) alors que des survivants s’apprêtent à un long voyage sur le fleuve Congo vers Kinshasa.
L’Association des victimes de la guerre des six jours, dont beaucoup sont en situation de handicap, veut aller réclamer des dommages et intérêts aux autorités congolaises qui font la sourde oreille. Les rejoignant sur un bateau fragile, Hamadi filme leur traversée comme une aventure, entre tempêtes et risque de naufrage. Avant de les montrer, dans des scènes incisives, braver les institutions pour interpeller leurs représentants. Mais les séquences les plus fortes sont celles d’une répétition de pièces de théâtre où chacun et chacune rejoue le conflit, dans un mélange de catharsis, de recueillement, de mémoire à vif.
En route pour le milliard de Dieudo Hamadi, Laterit Productions (1 h 30), sortie le 29 septembre
Image : Copyright Laterit Productions