- Critique
- Article
- 5 min
« 9 jours à Raqqa » de Xavier de Lauzanne : filmer le renouveau démocratique
- Éléonore Houée
- 2021-09-05
Tourné à Raqqa il y a trois ans, ce documentaire (premier volet de la trilogie « La Vie après Daech » qui se poursuivra en 2022) puise son énergie dans la ténacité sans faille de Leïla Mustapha, l’une des deux maires de la ville.
Elle a à peine 30 ans mais a vécu d’innombrables vies. Leïla Mustapha est née en 1988 à Raqqa dans une famille kurde musulmane. Ingénieure en génie civil, elle est depuis 2018 coprésidente (avec Mouchloub Al-Darwich) du conseil civil de la ville. Le réalisateur Xavier de Lauzanne (Les Pépites, 2016) part à sa rencontre, accompagné de l’écrivaine Marine de Tilly qui se charge de narrer le documentaire en voix off. Dix ans après la répression des manifestations citoyennes par le régime autoritaire de Bachar Al-Assad et l’occupation de Raqqa par le groupe État islamique de 2014 à 2017, le documentariste voit en elle l’incarnation du renouveau démocratique de la Syrie.
Découpé en neuf journées, durant lesquelles nous suivons d’abord les chantiers de reconstruction avant d’écouter les confidences engagées de Leïla, le film paraît se renforcer à mesure qu’il avance à ses côtés, comme, dans la bande-son, la trompette d’Ibrahim Maalouf, qui se fait de plus en plus assurée. Ainsi, les violentes mages d’archives de la guerre en amorce du documentaire sont vite balayées par la force des discours inspirants de Leïla, devenue sans le vouloir une icône féministe et un emblème pour l’avenir du pays.
9 jours à Raqqa de Xavier de Lauzanne, L’Atelier (1 h 30), sortie le 8 septembre