« Trans Memoria » : autoportrait d’une transition

Avec ce premier long métrage intense mais sincère, la cinéaste suédoise Victoria Verseau retourne en Thaïlande, dans l’hôpital où, une décennie plus tôt a eu lieu son opération de transition. En faisant dialoguer présent et passé, elle signe un film-mémoire inédit, entre ombre et lumière.


Trans Memoria
© Outplay Film

Le récit s’ouvre sur des coquillages, divers emballages inidentifiables, des préservatifs… Des reliques du passé posées sur une table, éclairées à l’aide d’un néon strident et filmées en gros plan. En hors-champ, la voix solennelle de Victoria Verseau indique « Ce qui s’est passé, je ne le partage avec personne d’autre que vous ». Le ton est donné : avec Trans Memoria, son premier long métrage documentaire, la réalisatrice propose une plongée intime, brute et inédite au plus profond de ses souvenirs.

Naviguant entre deux temporalités (son intervention chirurgicale en 2012 et l’époque actuelle) et mêlant plans fixes impressionnants, images d’archives émouvantes et témoignages face caméra édifiants, elle donne à voir sa difficulté à se reconstruire après son opération, tout en tentant de faire le deuil de son amie Meril, rencontrée lors de ce séjour en Thaïlande et qui a depuis mis fin à ses jours.

Aux côtés de la cinéaste dans ce périple introspectif, Athéna et Ameena, deux femmes trans qui, au cours de discussions vives, viennent opposer leur vécu à celui de Victoria Verseau. Un procédé habile qui permet de faire entendre la multiplicité des expériences trans, tout en encourageant cette communauté à s’emparer des médias artistiques pour se raconter. Car avec Trans Memoria, la cinéaste affirme aussi sa foi en la puissance salvatrice du cinéma. Caméra à la main, elle extériorise ses blessures, cherche à leur donner une forme et un sens, espérant déboucher ainsi sur un avenir meilleur. 

Trans Memoria de Victoria Verseau, (Outplay Film, 1h12), en salles le 19 novembre