
Plus de trente ans après sa sortie en 1994, Priscilla, folle du désert de Stephan Elliott trône toujours au panthéon du cinéma queer. Il y a quelque temps, le cinéaste australien avait annoncé qu’un deuxième volet était dans les cartons depuis plusieurs années, et que le casting de ce film culte se réunirait. Tout s’est accéléré un peu avant la disparition du génial et hypnotique Terence Stamp, survenue le 17 août dernier. C’est ce que le cinéaste australien a raconté à Deadline, dans une passionnante story sur les coulisses de la préparation de ces séquences.
Dans Priscilla, folle du désert, Stamp incarnait avec beaucoup de sensibilité Bernadette, une femme trans, partie en road-trip avec ses deux collègues drags (Hugo Weaving et Guy Pearce) pour présenter un show dans le désert australien. Sous ses dehors épiques, fun et mordants, le film célébrait magnifiquement l’amitié dans ce qu’elle a d’inconditionnel, mais parlait aussi avec acuité des violences dont sont victimes les communautés LGBTQIA+.
« Il m’a fallu des décennies pour trouver un scénario digne de ce nom », a confié Stephan Elliott, qui se souvient des coups de pression lancés par Stamp, qui se sentait faiblir, mais qui restait rétif à toute utilisation du numérique ou de l’intelligence artificielle pour le remplacer. Le réalisateur avait passé un pacte avec l’acteur, sa famille, ses co-stars et les financeurs pour pré-tourner des séquences. « Vous manquez de temps, les enfants », aurait répété Stamp, lucide. Après de longues discussions sur le vieillissement de son personnage, un look qui a nécessité beaucoup d’essais, un grand dispositif de neuf caméras, le tournage a occupé les derniers mois de la vie de l’acteur. « Il détestait remettre la perruque… mais son sourire valait de l’or. Il a tout donné », confie Elliott. « Dire « c’est dans la boîte » pour Terence Stamp… ce sont des mots qui me hanteront jusqu’à ma mort. »