Claudia Cardinale en 6 rôles emblématiques

De l’Italie à l’Hexagone en passant par Hollywood, la Franco-Italienne Claudia Cardinale a illuminé le cinéma des années 1960. Devenue comédienne par hasard, elle s’était ensuite éloignée des plateaux, privilégiant les œuvres caritatives et son engagement auprès de l’ONU. L’actrice et icône de mode s’est éteinte le 23 septembre à l’âge de 87 ans. Retour sur 6 rôles emblématiques qui ont marqué sa carrière.


La Fille a la valise 2
"La Fille à la valise" © Les Films du Camélia

Rocco et ses frères de Luchino Visconti (1960)

Drame néoréaliste, centré sur la famille Parondi qui a fui la pauvreté de l’Italie du Sud pour s’installer à Milan, Rocco et ses frères est aujourd’hui considéré comme l’une des grandes inspirations de réalisateurs majeurs, tels que Martin Scorsese ou Francis Ford Coppola. Aux côtés d’Alain Delon et d’Annie Girardot, Claudia Cardinale y campe Ginetta, la fiancée de Vincenzo (Spýros Fokás), l’un des cinq fils de la famille. Un rôle de mère discrète pour la jeune première, qui foule le tapis rouge de la Mostra de Venise où le film est sacré du Lion d’argent.

La fille à la valise
© Les Films du Camélia

La Fille à la valise de Valerio Zurlini (1961)

Avec son premier rôle principal, celui d’Aida, chanteuse et fille-mère abandonnée par son amant, Claudia Cardinale fait forte impression et marque un tournant dans sa carrière. Mélodrame bercé par la désillusion de la jeunesse et soutenu par une bande-son pop délicieuse, le film de Valerio Zurlini fait directement écho à l’histoire personnelle de la comédienne, elle aussi fille-mère, qui a dû cacher l’existence de son fils Patrick, né en 1958, qu’elle a fait passer pour son petit frère auprès de la production.

Huit et demi
© D.R.

Huit et demi de Federico Fellini (1963)

Esthétique novatrice, narration éclatée, exploration délirante de la psyché de son réalisateur. Huit et demi se résume difficilement, sinon comme le récit d’un cinéaste dépressif (Marcello Mastroianni, double fictif de Fellini) se réfugiant dans un monde de souvenirs et de fantasmes. Claudia Cardinale y incarne la muse rêvée du protagoniste. La comédienne, qui utilise pour la première fois sa propre voix dans un film (elle était jusque-là doublée en raison d’un accent jugé trop marqué), décrira le tournage de Huit et demi comme l’un des plus beaux moments de sa carrière.

Le guépard
© Pathé Distribution

Le Guépard de Luchino Visconti (1963)

La même année que Huit et demi, Claudia Cardinale retrouve Luchino Visconti pour ce qui deviendra son chef-d’œuvre indiscutable : Le Guépard. À l’opposé du style onirique et baroque de Fellini, le méticuleux Visconti immortalise la décadence de l’aristocratie et transforme l’actrice en jeune roturière à la beauté hypnotisante. Tancrède, le neveu du prince Salina, incarné par le jeune et séduisant Alain Delon, tombe follement amoureux de la jeune femme et la demande en mariage, symbole d’une nouvelle ère et incarnation des bouleversements sociaux en marche. L’opulence de la fameuse scène du bal marquera les esprits et le film sera récompensé de la Palme d’or à Cannes en 1963.

Il était une fois dans l'ouest
© Park Circus

Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone (1968)

Autre film mythique à épingler dans la filmographie de l’Italienne : le western de Sergio Leone, Il était une fois dans l’Ouest, dans lequel l’actrice se transforme en Jill McBain. Personnage féminin central de l’histoire, l’ancienne prostituée traverse le film avec résilience et devient l’un des piliers du « nouvel Ouest », après avoir perdu son mari et ses enfants dans un massacre. Avec ce rôle, Claudia Cardinale incarne la force d’une figure matriarcale, marquant le passage d’un monde brutal vers une civilisation en pleine mutation.

gebo et l'ombre
© Xavier Lambours

Gebo et l’Ombre de Manoel de Oliveira (2012)

Dans le rôle d’une mère vieillissante attendant désespérément le retour de son fils, Claudia Cardinale émeut et fait du dernier film du grand cinéaste Manoel de Oliveira un véritable tour de force. Aux côtés de Michael Lonsdale et de Jeanne Moreau, elle élève la mise en scène ascétique du réalisateur vers un éblouissement total. Son image, souvent réduite au stéréotype du sex-symbol, se transforme ici en profondeur. Dépouillée de tout artifice, la comédienne s’illustre par sa justesse, dans un rôle crépusculaire et intense.