« Fantôme utile » de Ratchapoom Boonbunchachoke : un drame cotonneux

Ce sublime et envoûtant premier film du cinéaste thaïlandais, Grand Prix à la Semaine de la critique 2025, superpose au fil d’un montage expérimental des histoires intimes de fantômes sur fond de mémoire collective.


Fantôme utile
© JHR Films

La poussière repose partout. Elle s’installe dans les recoins, gravite dans des pièces chargées de souvenirs. Comme les fantômes. Le réalisateur thaïlandais Ratchapoom Boonbunchachoke ouvre son ambitieux premier film sur un ladyboy qui, depuis l’acquisition d’un aspirateur, est préoccupé par une série de bruits surnaturels chez lui.

Surprise : l’appareil est hanté, lui annonce l’agent du service après-vente de l’entreprise d’électroménager. Sa voix en off introduit la trame (parallèle) de March, qui affronte la mort tragique de sa femme, Nat (la star thaïlandaise Davika Hoorne), victime de pollution à la poussière. Elle s’est réincarnée dans un aspirateur de l’entreprise où il travaille. Malgré l’absurdité de la situation, leur amour renaît, et Nat est vite considérée comme un « fantôme utile », engagée pour nettoyer l’usine des âmes errantes, qui prennent peu à peu possession des objets.

« Les fantômes sont ceux qui ne se résignent pas à la mort, leur retour est un acte de protestation. » Cette phrase énigmatique traduit la volonté du cinéaste de nous plonger dans ce récit cotonneux profondément politique et ancré dans l’imaginaire populaire thaïlandais.

Il rend hommage aux spectres du passé, des ouvriers disparus aux monuments réduits en poussière, comme une tentative d’effacer une partie de l’histoire du pays.

Fantôme utile de Ratchapoom Boonbunchachoke, JHR Films (2 h 10), sortie le 27 août