
Algérie française, en 1953. La guerre gronde à l’horizon, et, à l’hôpital de Blida-Joinville, le jeune psychiatre méticuleux Frantz Fanon (Alexandre Desane), originaire de Martinique, vient d’être promu médecin en chef. Il tente de démanteler les méthodes de soins contestables mises en place par l’Empire colonial français sur les Algériens internés pour troubles mentaux, jusqu’à se heurter à un mur et à l’aliénation de son service, où règnent les préjugés raciaux.
« L’Arabe […] vit dans un état de dépersonnalisation absolue. Le statut de l’Algérie ? Une déshumanisation systématisée », écrira-t-il plus tard dans sa lettre de démission. Le film d’Abdenour Zahzah, fiction très documentée et dépeinte dans un sublime noir et blanc, n’est pas son premier essai sur Fanon. S’inspirant des notes cliniques laissées par le psychiatre et des témoignages de l’ancien personnel, il a continué le travail entamé dans Mémoire d’asile, documentaire qu’il avait réalisé en 2002 sur les coulisses des « années Fanon ».
Il filme ici, à huis clos et avec sobriété, l’hôpital comme le paysage mental de cet électron libre, avant qu’il ne devienne une figure anticolonialiste auprès du FLN. L’art du dialogue, très théâtral, permet une compréhension directe des enjeux, tandis que l’on sent les prémices de l’embrasement contestataire qui mènera à l’indépendance du pays.
Frantz Fanon d’Abdenour Zahzah, sortie le 23 juillet, Shellac (1 h 31)