
Qiao termine tout juste ses examens d’entrée à l’université lorsqu’on lui apprend la mort de son père. Le jour des obsèques, il quitte précipitamment la cérémonie, déjà hanté par le souvenir d’un homme acariâtre qui lui a transmis sa passion pour la boxe. « Il était sévère avec moi, mais par amour », confie-t-il à sa compagne. Devenu ingénieur, il élabore un logiciel d’entraînement utilisant l’I.A., mais son avatar prend progressivement les traits de son père et brouille sa vision du réel…
Sept ans après son premier long métrage, Suburban Birds, Qiu Sheng interroge l’angoisse sourde de reproduire ce que l’on a subi enfant. Est-il possible d’échapper à l’empreinte génétique et émotionnelle laissée par un parent ambivalent, voire violent ? Le réalisateur chinois délaisse tout pathos au profit d’une mise en scène sensorielle, tendue, entre réalisme futuriste et surgissements oniriques.
En creusant la matière même du deuil, le film altère le rapport du personnage face à l’avatar de son père. Cette figure, ni fantasme pur ni souvenir fiable, devient le support d’un processus cathartique qui permet enfin à Qiao de l’affronter. My Father’s Son s’impose ainsi comme une méditation sur la mémoire filiale, où l’image du père, recomposée par la technologie, devient le miroir d’une identité en crise.
My Father’s Son de Qiu Sheng, New Story (1 h 39), sortie le 23 juillet