À voir sur mk2 Curiosity : « Femme, vie, liberté » en 5 coups de coeur 

Cette semaine, on vous transporte en Iran avec une sélection de magnifiques courts métrages qui mettent la révolte des femmes à l’honneur, devant ou derrière la caméra, en écho au mouvement « Femme, vie, liberté », et au focus sur le ciné iranien organisé par le festival Côté Court de Pantin.


Pour découvrir le dernier cru du festival Côté court, c

Titanic, Suitable Version for Iranian Families, Farnoosh Samadi

Après avoir fait sensation au Festival de Cannes 2016 avec son premier court métrage, The Silence, Farnoosh Samadi réalise un premier long, 180° Rule en 2020. Dans son nouveau film, Titanic, Suitable Version for Iranian Families (2023), la cinéaste iranienne délivre une réflexion subtile sur la censure dans son pays. En utilisant un plan-séquence fixe de 15 minutes, Samadi nous plonge au cœur d’une réunion sur la censure du film Titanic de James Cameron, dont il va falloir couper la version originale d’une heure pour respecter les lois religieuses. Différents acteurs de la télévision nationale iranienne défilent devant la caméra, offrant un aperçu saisissant des tensions, des contradictions et des absurdités inhérentes au processus de censure.  

There’s no friend’s house, Abbas Taheri 

Si le titre répond à celui du film Où est la maison de mon ami ?, réalisé par son compatriote Abbas Kiarostami en 1987, c’est surtout aux femmes iraniennes qu’Abbas Taheri rend hommage dans ce court métrage. Mehri et Sarah, deux amies très proches, défient la sévérité de leur école en buvant en cachette une bouteille de whisky. Cet instant de complicité prend des proportions exagérées, et l’affaire remonte jusqu’à l’État. On comprend vite que la plus grande faute des deux jeunes filles est celle de nuire à la réputation de leurs pères. Par des images épurées et élégantes, Taheri nous raconte l’histoire d’une amitié altérée par une autorité trop stricte, et loue le courage de deux adolescentes qui veulent, malgré tout, profiter de leur jeunesse. 

Le Choeur, Abbas Kiarostami 

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Le Chœur fait partie des dix-huit courts métrages Kanoon de Kiarostami destinés au « développement intellectuel des enfants et jeunes adultes ». Plongés dans le monde du vieil homme, on souffre avec lui des bruits trop présents. On est soulagés quand il ôte ses appareils auditifs. Et on savoure le moment où il déguste son thé calmement. On partage aussi l’impatience des petites filles qui n’arrivent pas à attirer son attention. À chaque instant, on espère que leurs cris, du bas de la cour, lui parviennent. Kiarostami joue gentiment avec nos nerfs en retardant ce moment libérateur. Il faut dire que la foule d’enfants qui crie en chœur forme une image adorable. On se délecte à la voir croître de minute en minute. Cet événement touchant forme une jolie métaphore de jeunes filles qui n’arrivent pas à se faire entendre de leurs aînés…jusqu’à ce qu’elles s’unissent toutes. 

Cas n°1, cas n°2, Abbas Kiarostami 

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Oeuvre à part dans la carrière d’Abbas Kiarostami, Cas n°1, cas n°2 débute pourtant dans l’un des lieux de prédilection du cinéaste : la salle de classe. Commencé comme une fiction, le film bascule ensuite dans le documentaire politique au dispositif toutefois atypique, puisque la matière cinéma vient ici nourrir la réflexion. 

Le visionnage de ces deux saynètes va déclencher une prise de parole aussi bien chez les personnages de fiction (les pères des élèves) que chez des personnalités bien réelles, les dirigeants politiques et spirituels de ce pays qui vient de renverser la monarchie du Shah. 

Chacun s’exprime librement sur ce cas de dilemme moral, sans que le cinéaste ne prenne parti. Instantané d’un entre-deux politique, où la diversité politique est encore de mise avant le rétablissement de la censure, Cas n°1, cas n°2 sera interdit juste après sa première projection. Il sera ensuite considéré comme le film majeur de la révolution. 

Le Concitoyen, Abbas Kiarostami 

Ce court métrage d’Abbas Kiarostami rassemble déjà beaucoup des thématiques chères au maître du cinéma iranien. Il s’agit d’un documentaire authentique, puisque quelques passagers observateurs remarquent la caméra et s’étonnent d’être filmés. Mais la plupart sont trop occupés à convaincre le policier qu’ils ont le droit de franchir le barrage routier, pour rentrer chez eux, aller travailler, ou se rendre à l’hôpital. Les conductrices ne s’en laissent pas compter. Ce sont les premières à sortir des voitures pour négocier leur passage, à s’indigner, à insister avec répartie. Et, souvent, à avoir gain de cause. Il faut dire qu’il est difficile de distinguer le vrai du faux dans ce flot d’arguments imparables, et le policier, indulgent, leur laisse généralement le bénéfice du doute. Kiarostami filme une fois de plus avec beaucoup de charme et d’affection ses concitoyens. Et clôt ces interminables supplications par un morceau rock porteur d’espoir. 

Au programme également :  

Ce serait bête de les louper. Il vous reste quelques heures pour découvrir gratuitement et avant tout le monde nos 7 courts métrages coups de cœur, sélectionnés pour vous parmi les films en compétition du 5 au 15 juin au festival Côté Court de Pantin. 

Et, si vous n’avez pas le courage de le voir, vous pouvez au moins tenter de deviner le film mystère de la semaine. Mylène Farmer y joue la mère de deux ados forcées à jouer à la poupée… Interdit aux moins de seize ans, il a été récompensé par un Grand Prix à Gérardmer en 2018. 

Image : © DR