« Empathie » sur Canal+ : une série drôle, humaine et radicale avec Thomas Ngijol

Avec un humour ravageur et une mise en scène tourbillonnante, la Québécoise Florence Longpré s’intéresse au parcours d’une psychiatre dépressive dans un institut de Montréal. Peuplée de personnages finement écrits, cette série qui ne recule devant rien se révèle extrêmement touchante.


empathie
Florence Longpré (Suzanne Bien-Aimé), Thomas Ngijol (Mortimer Vallant) Canal+/Laurence Grandbois Bernard Empathie, la saison 1 est diffusée le 1er septembre 2025 sur Canal+ *** Local Caption *** Guillaume Lonergan

En quelques minutes, Suzanne Bien-Aimé aura marché dans une poutine froide abandonnée au pied de son lit et recouvert son chemisier de sang menstruel après un accident de cup. Il n’en faut guère plus pour nous convaincre que cette (anti)héroïne mérite à elle seule qu’on lui consacre les dix épisodes de près d’une heure que compte la première saison d’Empathie.

Suzanne est bientôt rejointe par une galerie de personnages aussi flamboyants : ses collègues, dont Mortimer Vaillant (Thomas Ngijol, dans un contre-emploi qui lui sied à merveille), aide-soignant fan de comédies musicales, et ses patients. Car Suzanne Bien-Aimé, psychiatre, vient d’arriver dans un hôpital accueillant des personnes condamnées par la justice, mais déclarées irresponsables. Entre le paranoïaque qui refuse de sortir de sa chambre depuis seize ans, la schizophrène violente et le pyromane à la mémoire défaillante, il y a fort à faire. D’autant que Suzanne elle-même revient d’une dépression…

La liste des pathologies mentales aurait pu donner une série cliché. C’est compter sans le savoir-faire de Florence Longpré, virtuose québécoise à qui l’on doit déjà Audrey est revenue et M’entends-tu ? Celle qui est à la fois actrice principale et scénariste (elle a travaillé l’écriture avec des psychiatres) prend le pari de montrer les troubles mentaux dans leur vérité nue, entre progrès et régressions, isolement et compassion. La mise en scène de son comparse Guillaume Lonergan épouse ces grands écarts, avec une audace parfois un peu attendue mais souvent payante (on pense notamment à une suspension à un lustre sur « Chandelier » de Sia).

En résulte une série magnifique dans ce qu’elle raconte de la nécessité du lien et de soigner le monde, et qui renoue avec les feuilletons à l’ancienne, grands récits choraux appelés à se déployer longtemps. Une aubaine : à l’issue de cette première saison subsiste le désir de suivre ces personnages sur des années.

Empathie, disponible sur Canal+