
Et si l’usage de l’I.A. se généralise dans tous les secteurs de la création audiovisuelle, ce sont des outils bien moins médiatisés et, à nos yeux, autrement plus passionnants qui sont aujourd’hui exploités. Ainsi, ces dernières semaines, plusieurs actualités nous invitent à faire un point sur les dernières possibilités offertes par l’I.A.
En premier lieu, plusieurs sociétés d’effets spéciaux viennent de mettre sur le marché des outils permettant de faire des détourages automatiquement : grâce à sa capacité d’analyse de l’image, l’I.A. peut aider à isoler un élément (un personnage, un véhicule, etc.) pour en tirer un masque articulé. Il est donc plus que probable qu’à très court terme, les fameux écrans bleus ou verts utilisés pour les trucages optiques deviennent obsolètes, ce qui allégerait copieusement les tournages de scènes nécessitant des effets spéciaux.
Plus intéressant encore, le clip « A Love Letter to L.A. », réalisé par Paul Trillo sous l’égide de la société Asteria, offre tout un panel d’exploitations inédites de l’I.A. Ce petit film d’animation suit un personnage déambuler dans un Los Angeles fantasmé et foisonnant, talonné par une caméra extrêmement mobile. Ce projet au budget très modeste est tout entier guidé par l’univers graphique de l’artiste Paul Flores.
Ce dernier a débuté son travail sur le clip en peignant plus de soixante dessins originaux, illustrant la plupart des personnages et les principaux bâtiments du clip. Seulement, la mise en scène de Trillo exigeait une quantité bien plus importante d’éléments graphiques. En nourrissant une I.A. avec les dessins de Flores, l’équipe de « A Love Letter to L.A. » a pu générer une quantité ahurissante de dessins destinés aux arrière-plans et, bien entendu, soumis au regard de l’artiste. Restait un souci de taille : la dizaine d’animateurs engagés pour le clip avait les plus grandes difficultés à reproduire le style atypique de Flores. Trillo a donc utilisé un autre logiciel basé sur l’I.A. et intitulé Generative Ink and Paint : une fois le mouvement des personnages validé, cet outil appliquait le style de Flores aux dessins plus classiques des animateurs.
Paul Trillo a donc pu créer un dessin animé très ambitieux dans le cadre d’une petite production, mais aussi respecter le style unique d’un artiste : deux objectifs inatteignables avec des outils traditionnels et un budget aussi limité. « A Love Letter to L.A. », comme ces innovations dans les effets spéciaux, démontrent une nouvelle fois qu’au-delà des très médiatiques générateurs, l’I.A. promet surtout d’être un atout précieux pour les créateurs indépendants.
EN +
- Paul Trillo a posté sur ses réseaux sociaux un passionnant making-of de « A Love Letter to L.A. »
EN +
- L’actrice Natasha Lyonne, codirigeante de la société Asteria qui a produit « A Love Letter to L.A. », va réaliser son premier film. Intitulé Uncanny Valley (La Vallée de l’étrange) ce long-métrage mélangera tournage traditionnel et images créées à l’aide d’une I.A. qualifiée d’éthique. Source : Deadline.
I.A. PLAYLIST
- Jamie Lee Curtis a fait un petit scandale sur ses réseaux sociaux pour forcer Mark Zuckerberg à retirer l’utilisation d’une publicité conçue par I.A. et exploitant, bien malgré elle, son image. Avec l’appui de ses 6 millions de fans, la star d’Halloween et de True Lies a fait plier le géant de la tech. Source : Instagram. ⚫Forrest Gump, Michael Myers, Hannibal Lecter et Willy Wonka filmés par des caméras de vidéo surveillance alors qu’ils font leurs courses dans une épicerie. Source : Instagram. ⚫ Pour une série consacrée à l’écriture, la BBC a, avec l’accord des ayants droits de la romancière et grâce aux I.A., recréé un masque numérique d’Agatha Christie sur la comédienne Vivien Keene. ⚫Fabula, la société du cinéaste chilien Pablo Larrain (Maria, Jackie), vient de signer un partenariat avec un géant de l’I.A. générative, Runway. Source : Runway.