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Un podcast pour l’après-midi : « Année Lumière », retour sur l’année 1961

  • Esteban Jimenez
  • 2020-03-19

Dans chacun de ses épisodes, le podcast Année Lumière propose d’explorer une décennie de cinéma : pour ce troisième numéro, place à l’année 1961.

1961 n’est pas seulement l’année où Stand by Me de Ben E. King occupe toutes les ondes radiophoniques, c’est aussi celle où Youri Gagarine met les pieds sur la lune, et où la construction du mur de Berlin débute. De profondes métamorphoses de la société, qui vont aussi affecter le cinéma. En compagnie d’Esther Brejon (journaliste pour OCS Story et Revus & Corrigés), l’émission analyse cette fastueuse année 1961, à travers l’exemple de quelques films majeurs.

Deux grands films américains : West Side Story de Robert Wise et Jerome Robbins et Les Désaxés de John Huston

Lorsque West Side Story débarque sur les écrans en 1961, l’âge d’or de la comédie musicale des années 1930 et 1940 est sur le déclin. Robert Wise et le chorégraphe Jerome Robbins en digèrent l’héritage, tout en proposant de nouvelles thématiques plus politiques. Alors que la télévision prend une place importante dans les foyers et que la guerre du Vietnam  a éclaté depuis le milieu des années 1950, West Side Story intègre ces éléments sociaux afin de déconstruire l’American way of life et de mettre en lumière l’immigration, les inégalités, et la gentrification qui agitent le pays. Un programme résumé dans le magnifique générique signé par Saul Bass, où se succèdent des plans aériens zénithaux qui nous font passer des buildings modernes aux quartiers pauvres abandonnés en une fraction de seconde.

À l’instar du dernier film de Martin Scorsese The Irishman (2019), Les Désaxés semble hanté par la disparition d’un monde, celui du Grand Ouest américain et du classicisme hollywoodien. John Huston y filme deux grandes stars vieillissantes au seuil de leur déclin: Clark Gable et Marilyn Monroe. Le scénariste Arthur Miller avait spécialement écrit le rôle de Roslyn Taber pour l’actrice qui était sa maîtresse, avant que leur relation ne s’envenime durant un tournage chaotique qui dura plus de 90 jours au lieu des 40 initialement prévus, et où fiction et réalité tendaient à se mélanger amèrement.

 

Émergence du cinéma japonais : Yojimbo d’Akira Kurosawa

Bien avant Kagemusha, l’Ombre du guerrier (1980), Akira Kurosawa réalisait en 1961 Yojimbo, parfaite synthèse de son style iconoclaste, organique et sensoriel, et de ses influences anglo-saxonnes, en passant de John Ford à Jean Renoir. Cette histoire de samouraï taciturne (Toshirō Mifune) arrivant dans un village scindé en deux clans fera trois ans plus tard l’objet d’un remake en forme de western spaghetti par Sergio Leone : Pour une poignée de dollars (1964).

Alain Resnais désarçonne : L’Année dernière à Marienbad

Après le succès d’Hiroshima mon amour (1959), Alain Resnais réalise le labyrinthique L’Année dernière à Marienbad, errance cryptique sur la fin d’un couple dans laquelle Delphine Seyrig incarne la mystérieuse femme avec qui le personnage interprété par Giorgio Albertazzi pense avoir eu une liaison. Derrière l’opacité d’une narration alambiquée qui dupe le spectateur et d’une mise en scène vertigineuse où les longs couloirs oniriques troublent notre perception, se cache un drame bouleversant sur la condition humaine, qui inspirera Stanley Kubrick, Ingmar Bergman, Federico Fellini ou encore David Lynch.

 

Deux portraits de femmes : Diamant sur canapé de Blake Edwards et Viridiana de Luis Buñuel

Audrey Hephburn en femme émancipée dans Diamant sur canapé, Silvia Pinal aspirant à devenir bonne soeur dans Viridiana. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’émission s’achève sur deux exemples radicalement différents, mais qui documentent le quotidien des femmes à l’aube des sixties. Tourné en Espagne après plus de trente ans d’exil pour Buñuel, Viridiana a défrayé la chronique à sa sortie pour avoir abordé le sujet tabou de l’inceste, tandis que le très chaleureux Diamant sur canapé a fait d’Audrey Hephburn une icône libérée des moeurs sociales bourgeoises – et ce dès la scène d’ouverture où on la voit descendre d’un taxi, portant au cou son beau collier en diamants.

Image : Affiche de Yojimbo d’Akira Kurosawa.

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