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Tomi Ungerer interviewé par Liam, 9 ans

  • Cécile Rosevaigue
  • 2018-05-24

Pourquoi le livre s’appelle-t-il Ni oui ni non ?
Ça m’est venu comme ça, parce que, quand tu poses une question, elle ne se pose pas nécessairement comme un oiseau sur une branche. Et puis, on n’a pas toujours la réponse. Entre le « oui » et le « non », il y a le « pourquoi pas », qui est devenu ma devise. Une question est toujours remplacée par une autre question, parce que, quand on nous donne une réponse, on s’interroge à nouveau. Ça peut continuer comme ça jusqu’à l’infini.

Avez-vous rencontré les enfants qui vous interrogent ?
Non, et c’est dommage. Je vis en Irlande, et les questions m’ont été envoyées par fax.

Est-ce que vous avez rigolé en lisant certaines questions ?
Ah ça, oui ! Écoute mon vieux, si on te demande : « Est-ce que les poux ont des enterrements ? », ça te fait rigoler, non ?

Oui, c’est drôle. Et qu’avez-vous répondu ?
J’ai trouvé cette question fabuleuse et complètement surréaliste. Le monde est absurde, l’injustice est absurde, la guerre est absurde, et l’absurde est inexplicable. Alors je crois avoir dit qu’il est impossible de creuser dans le cuir chevelu pour enterrer un pou.

Pouvez-vous répondre à toutes les questions ?
Ah non ! J’essaie simplement de répondre aux enfants comme je répondrais à des adultes. Les enfants, ce n’est pas parce qu’ils sont plus petits qu’ils ne sont pas les plus malins. Les enfants savent d’où viennent les bébés, mais ils ne savent pas d’où viennent les adultes.

Pour vous c’est quoi, la philosophie ?
C’est quelque chose qui fait réfléchir des gens très intelligents, j’imagine. Au lycée, il fallait étudier des philosophes, mais je n’y comprenais pas grand-chose. Un jour, j’ai rendu un devoir sur le philosophe Descartes, mais, au lieu d’écrire, j’ai fait une série de dessins sur ma copie. Tu vois, chacun a des moyens différents de s’exprimer.

Vous étiez petit pendant la Seconde Guerre mondiale. Est-ce que vous avez eu peur ?
J’ai pris exemple sur ma mère. Elle était très courageuse. Elle n’avait pas froid aux yeux – sauf en hiver, évidemment. Pendant les bombardements, je n’avais pas peur. Les enfants rigolaient, c’était une réaction nerveuse.

À 19 ans, vous êtes parti seul en Laponie. Pourquoi ?
Je venais de rater mon bac, j’ai fait mes bagages et je suis allé jusqu’en Laponie en auto-stop. J’ai traversé la toundra, il y avait des rennes qui broutaient de la mousse dans le brouillard. Ça faisait un bruit de papier déchiré. Et puis j’ai continué mon voyage, j’ai disparu un moment. Je recherchais l’aventure. Une fois que tu la trouves, l’aventure ne te lâche plus, elle ne te laisse jamais tomber.

Alors, comment était mon interview, 
est-ce que vous allez me manger ?
Je ne vais pas te manger, tu es trop intelligent, et les intelligents sont trop coriaces, pas assez tendres.

LE DÉBRIEF

Liam : « Avant de rencontrer Tomi Ungerer, j’ai assisté à sa conférence de presse. Ses réponses aux journalistes étaient très drôles, un peu comme dans le livre. On dirait que sa philosophie, 
c’est le sens de l’humour. Alors qu’il était peut-être le plus âgé de la salle, il 
portait des baskets à lumières clignotantes. Il m’a dit : “J’espère que 
tu vas me poser de bonnes questions, sinon je te mangerai !” »

Ni oui ni non. Réponses à 100 questions philosophiques d’enfants de Tomi Ungerer (L’École des loisirs)

Tags Assocíes

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