IARTISTE  ·   Nicholas Flandro d’Univore : « Tenter de créer des choses réalistes avec l’I.A. est un projet profondément ennuyeux. »

David Bachmann et Nicholas Flandro, le duo artistique derrière Univore, signe des musiques souvent accompagnées de clips vidéos depuis 2009. Réalisateur et monteur de métier, Nicolas Flandro est en charge de ces clips, qu’il tourna longtemps en vidéo avant de récemment migrer vers des outils I.A. Un changement de technologie radicale, qui offre une nouvelle dimension au travail à la fois drôle, surréaliste et un tantinet angoissée du duo.


univore
Univore

Comment décririez-vous le style d’Univore ?

Certains critiques ont dit que nous étions un « mélange de pop expérimentale, de jazz, d’électro et de musique d’ambiance. » Avec David, nous nous réclamons surtout du surréalisme avec une grande composante humoristique : l’absurdité de nos existences nous empêche de prendre les choses trop au sérieux. Quant à notre nom, Univore, il ne signifie rien de spécial. Des années après l’avoir adopté, nous avons découvert que certains chercheurs utilisent ce terme pour décrire des gens qui ont un « goût culturel très étroit. » On a trouvé ça très drôle.

Comment en êtes-vous venus à intégrer les outils I.A. dans votre duo ?

En tant que réalisateur et monteur de métier, j’ai toujours adoré les nouvelles technologies. Et dès que j’ai découvert l’I.A., j’y ai aussitôt vu un potentiel immense pour Univore, avec une nuance toutefois : nous ne l’exploitons pas pour notre musique, si ce n’est pour le mastering audio et pour certains traitements du son, comme l’égaliseur. Je ne saurais pas vous dire pourquoi, mais la musique en I.A. nous rend triste. Ce que j’aimerais à l’inverse, c’est qu’un synthétiseur I.A. nous permette de créer des instruments virtuels qui sonneraient comme, par exemple, un dauphin, un verrillon ou des noix de cocos.

Votre goût pour l’absurdité se ressent dans le clip de You Are An Animal, où vous assumez l’imperfection des générateurs de vidéo.

C’était le projet en effet : une des premières images que j’ai sortie de la machine, c’est cet homme qui porte son t-shirt sur la tête, son pantalon à l’envers et qui marche dans le mauvais sens. C’est si étrange, si intéressant… J’aimerais qu’il y ait plus d’erreurs de ce genre. Je trouve par contre que tenter de créer des choses réalistes avec l’I.A. est un projet profondément ennuyeux.

Avec son ambiance à la fois cool, drôle et dérangeante, votre clip Mister Good Vibes est, pour moi, très californien.

Déjà, c’est exactement la réaction que l’on attend : j’aime quand les gens ne savent pas exactement comment ils doivent ressentir une œuvre. Ce clip et cette chanson viennent de l’homme qui organisait un évènement artistique à Santa Monica. Avec David, on a adoré ce qu’il dégageait, il était lumineux. J’ai imaginé le décor du clip comme si nous étions dans le désert du Mojave, proche des Joshua Tree et à une centaine de kilomètres de Los Angeles. C’est donc, effectivement, très ancré dans notre lieu de vie.

En quoi l’I.A. va-t-elle impacter l’évolution d’Univore ?

Vous allez voir encore plus de clips, parce que l’I.A. rend l’expérimentation tellement plus facile que par le passé. Je compte notamment mélanger l’I.A. à des prises de vues classiques. Mais au-delà de ça, il est impossible de vous répondre parce que cette technologie s’améliore plus rapidement que ce à quoi je m’attendais !