
Révélé en 2021 par le single viral Chaise longue, le duo britannique formé par Rhian Teasdale (qui a troqué son look Petite Maison dans la prairie pour un blond platine cyberpunk culturiste) et Hester Chambers (bassiste tournant le dos ostensiblement au public) s’est transformé en quintette, intégrant son très efficace groupe de tournée après un premier album du même nom, trois Grammys, deux Brit Awards et plus d’un million de streams.
Harder, stronger, faster, les douze titres de Moisturizer ressemblent à une parfaite setlist de concert, alternant bombinettes punk-rock (« CPR », « Catch These Fists ») et respirations pop (« Davina McCall », « 11:21 »), récits énervés de relations toxiques (« Mangetout ») ou d’obsessions amoureuses (« Pond Song », « Pillow Talk »), pour à peu près la même conclusion : « Is it love or suicide ? » (« CPR »). Rhian Teasdale parle-chante entre torpeur vaporeuse, expressivité mordante et voix sucrée libidinale, sur des compositions classiques (couplets engourdis, refrains tendus) rappelant Pavement, les Breeders ou la PJ Harvey de Dry (1992).
Passant d’une référence à Jennifer’s Body (plage 5), comédie horrifique de 2009 où Megan Fox se nourrissait de ses camarades de classe masculins, à une conversation aussi torride que dissonante avec un oreiller (« Pillow Talk »), Moisturizer est à la fois pop (riche en mélodies glucose) et féroce (électrisant, pince-sans-rire), cultivant son ambivalence entre baisers et morsures, haine et amour dévorants, comme voulant tout ressentir à la fois. Brûlant ET hydratant.
Moisturizer (Domino)
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