
Après avoir convoqué le romantisme noir des poètes du xixe siècle (Lautréamont, Joris-Karl Huysmans) sur son précédent album, c’est à René Char, poète résistant et visionnaire, qu’elle emprunte le titre d’un recueil de textes (Le Poème pulvérisé, paru en 1947), qu’elle passe au pluriel, comme pour mieux signifier les multitudes qui l’habitent et constituent sa création.
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L’ancienne pasionaria de la nuit parisienne s’est récemment rendue au Niger, à la rencontre de sa famille paternelle jusqu’alors inconnue, et son album évoque ce retour aux origines, sur Touareg (guitares du sahel et samples vocaux à la Aphex Twin), Acid Niger (mélopée afro-pop dédiée aux maîtres-fous) ou l’émouvant Nymphéas (« J’ai confié au désert un murmure orphelin », chante-t-elle sur une mélodie de piano à la Philip Glass).
Sur un arrangement electro très 90’s (entre Console et electro-clash), Paris-Brazzaville appelle à une révolution, brûlante, qui traverserait les frontières (« Que cette mélodie règne / De Paris à Brazzaville »). Plaintes, prières, invocations : Léonie Pernet semble vouloir renouer avec la puissance primordiale (performative, magique) du chant et de la musique, visant rien de moins qu’à « Réparer le monde » (piste 5, sur une ritournelle de piano virant hymne electro, et des chœurs de Clara Ysé), réunir les fragments épars pour rebâtir un nouvel horizon.
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Avec son fidèle complice Jean-Sylvain Le Gouic (ex-Juveniles), la musicienne fait converger l’espoir et le chaos, l’appel du dancefloor et celui à la résistance, et réalise une ambitieuse odyssée pop.
Poèmes pulvérisés (CryBaby/InFiné)