Léonie Pernet, marche ou crave

Depuis sa ritournelle saturée « Two of Us », hymne des fins de soirées en 2014, le premier album de Léonie Pernet se faisait attendre comme une Arlésienne à longueur de nuits repoussée. Après une longue maturation, la DJ et productrice parisienne – également batteuse pour Yuksek, compositrice de musiques de films (Bébé tigre de Cyprien Vial


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Depuis sa ritournelle saturée « Two of Us », hymne des fins de soirées en 2014, le premier album de Léonie Pernet se faisait attendre comme une Arlésienne à longueur de nuits repoussée. Après une longue maturation, la DJ et productrice parisienne – également batteuse pour Yuksek, compositrice de musiques de films (Bébé tigre de Cyprien Vial en 2014 et Marvin d’Anne Fontaine en 2017) et militante (LGBT+, pour l’accueil des réfugiés) – a enfin sorti, avec Crave (comprendre : « éprouver un désir insatiable »), l’album qui lui ressemble. Métissé et contrasté, entre electro (C.A.R., Mansfield. TYA) et musiques savantes (Rachmaninov, Philip Glass), clubbing et songwriting, évidence mélodique et richesse texturale, nourri par son expérience de la nuit autant que par la théorie musicale (elle a étudié les arts sacrés et la musique liturgique à la fac), Crave révèle une artiste complète. Étirant les mots, les durées et les effets comme autant de murmures subliminaux, multipliant les incarnations (à la façon de Klaus Nomi sur le morceau-titre, ou en filtrant et modulant sa voix), elle alterne messes gothiques et berceuses numériques, basses technoïdes et xylophones tintinnabulants, spatialisation et saturations. Ce singulier alliage de violence et de tendresse est reconduit sur scène en compagnie de Hanaa Ouassim (dont on entend la voix sur le titre en arabe « Auaati »), le duo mélangeant sonorités acoustiques (batterie, percussions orientales, chœurs) et électroniques (séquences, claviers), aussi deep qu’in your face, donc.

: le 25 janvier 
à La Gaîté Lyrique
« Crave » (InFiné)