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Hunter S. Thompson raconté par son fils

  • Bernard Quiriny
  • 2017-04-04

Pourtant, grandir à ses côtés n’a pas été une partie de plaisir pour Juan, son fils né en 1964. Car aussi bien les bouffonneries publiques de l’auteur de Rhum express en font un personnage éminemment sympathique pour ses lecteurs et de la contre-culture des années 1970, avec les méthodes pédagogiques expérimentales et l’omniprésence des drogues (Juan raconte comment il expérimente le LSD à 14 ans, sous la tutelle de sa mère). C’est aussi une réflexion captivante, et parfois poignante, sur les rapports père-fils quand ceux-ci ne se pour les amoureux de littérature, aussi bien son comportement s’avère infernal au quotidien pour ses proches, spécialement pour son fiston en quête de repères. Ivre la plupart du temps, parfois camé, Hunter s’affiche comme un père désinvolte et absent, imprévisible et colérique. Surtout, il fait régner un climat de terreur dans la maison. « Je l’ai vu provoquer ma mère, raconte Juan, l’insulter, la martyriser. » Le bambin assiste à des disputes homériques qui finissent souvent par l’intervention de la police. Il en viendra bientôt à détester son père, et aura besoin de nombreuses années pour lui pardonner ses faux pas. C’est cette reconstruction douloureuse qu’il raconte dans Fils de gonzo, un livre de souvenirs qui décrit toute l’ambivalence de son rapport à son père jusqu’au suicide de ce dernier, en 2005. Son portrait intime de Hunter, à la fois drôle et passionnant, complète à merveille la biographie de William McKeene (Hunter S. Thompson, journaliste et hors-la-loi), plutôt tournée vers l’œuvre et les coups d’éclats médiatiques. Plus largement, Fils de gonzo est aussi un témoignage fascinant sur l’esprit ressemblent pas, comme chez les Thompson : Hunter un voyou viril et débauché, Juan un geek paisible et sans histoires. Comment se comprendre ? « Je ne sais pas ce qu’il voulait, confesse Juan. Et pourtant, il est terriblement important pour moi de croire que je ne l’ai pas déçu. »
« Fils de gonzo »
de Juan F. Thompson,
traduit de l’anglais (États-Unis)
par Nicolas Richard (Globe, 320 p.)

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