
La trajectoire d’Ethel Cain est celle d’un long chemin de croix. Née en 1998 dans une famille évangélique, Hayden Silas Anhedönia grandit en Floride, dans la petite ville de Perry, tristement célèbre pour avoir été le lieu de lynchages racistes durant la ségrégation. Enfant, elle n’a pas le droit d’aller sur Internet et passe son temps à la chorale de l’église. À 12 ans, l’annonce de son homosexualité lui vaut de subir l’opprobre de sa communauté religieuse. Pour échapper à cette chasse aux sorcières, elle ne sort plus de chez elle, suit l’école à la maison et écoute en boucle Karen Carpenter ou Florence and The Machine. Peu à peu, elle s’enferme dans une bulle.
À 20 ans, Hayden décide d’assumer sa transidentité et quitte sa famille pour s’installer avec des amis dans une église désacralisée au fin fond de l’Indiana. Là-bas, elle compose cequi deviendra son premier album Preacher’s Daughter. Entre mélodies pop et guitares hantées, elle y raconte l’histoire de son alter ego, Ethel Cain, une jeune fille abusée dans son enfance, qui prend la route à travers les États-Unis, bascule dans la drogue et finit assassinée par son petit ami. En ligne, un culte se forme autour de ce personnage dont le road trip macabre entre en écho avec la vie de Hayden.
Son nouvel album, Perverts, élargit le monde d’Ethel Cain en développant cette fois-ci ses traumas familiaux. Le projet est centré sur l’histoire de sa mère, qui doit faire face à la mort de sa fille. Inspirés par les films d’horreur et les documentaires de true crime, les morceaux d’Ethel Cain s’étirent pour devenir de longues plages sonores, puisant parfois dans les atmosphères dark ambient ou les guitares drone metal, comme sur le titre « Punish » à la violence sourde. À croire que la fuite en avant ne résout rien. Comme dans le célèbre poème de Victor Hugo, jusqu’au bout l’œil sera dans la tombe et regardera Ethel Cain.
Perverts (Daughters of Cain Records)