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TOP — 3 documentaires qui auscultent le mythe Diego Maradona

  • Trois Couleurs
  • 2020-12-04

Le peuple argentin est en deuil : Diego Maradona, légende du football, est mort le 25 novembre dernier. Ce soir, LCP diffuse à 20h30 Maradona, le documentaire que lui avait consacré Emir Kusturica en 2008. On a voulu ausculter, à travers trois documentaires (dont celui-ci), les fêlures de cette icône du ballon rond considérée comme un Dieu vivant. 

Photo de Emir Kusturica - Maradona par Kusturica : Photo Diego Maradona, Emir Kusturica - AlloCiné

MARADONA D’EMIR KUSTURICA (2008)

Des larmes, spasmes et autres cris d’émotion… Ces images d’Argentins anéantis par la mort de la « main de Dieu » circulent dans tous les médias depuis vendredi dernier. Dans le pays, ce footballeur iconique poursuivi par ses propres démons avait été érigé en saint. Au début des années 2000, Emir Kusturica (Chat noir, chat blanc) a approché la légende pour tourner ce documentaire foutraque et foisonnant. Dès l’ouverture du film, le cinéaste serbe filme des membres de l’Église maradonienne, religion fondée en 1998 en l’honneur du footballeur, pour poser d’emblée les choses : voilà un homme qui ne touche plus tout à fait le sol. En questionnant sa propre position de filmeur, Kusturica s’éloigne des sentiers battus et réalise un portrait éclaté, mêlant entretiens intimistes, archives, scènes de concert ou images tirées de ses propres films, et convoquant en pagaille les westerns de Sergio Leone et Sam Peckinpah, la musique des Clash et des Sex Pistols, la figure du Che ou celle de Fidel Castro.

Mais il raconte surtout comment Maradona a catalysé la soif de liberté et d’égalité de son peuple. Revenant sur la fameuse victoire arrachée par le footballeur à l’Angleterre en 1986, soit quatre ans après la guerre des Malouines qui a violemment opposé l’Argentine et le Royaume-Uni, le cinéaste insère des séquences d’animation irrévérencieuses dans lesquelles il met en scène la famille royale et Margaret Thatcher, alors Premier ministre, dans des postures pas très avantageuses. Sur un terrain de foot, face à l’avatar de Maradona, tous sont affublés de grosses têtes (façon « Têtes à claques ») la pauvre Dame de fer perd littéralement la boule. Si le tout est un peu trop teinté de virilisme désuet, on ne pouvait mieux épouser la face chaotique du mythe. • Joséphine Leroy

Le film est diffusé ce soir à 20h30 sur LCP. 

Foot - Maradona - Diego Maradona, un gamin en or : le documentaire

MARADONA, UN GAMIN EN OR  DE JEAN-CHRISTOPHE ROSÉ (2006)

« Le football ne doit pas payer pour les erreurs de certains. Je me suis trompé et j’ai payé. Le football ne doit pas être sali. » C’est sur les paroles (et les larmes) de Maradona prononcées en 2001 dans le stade enflammé de Buenos Aires que s’ouvre ce portrait ambitieux, dont la grande force est de traquer l’homme derrière le mythe –  champion du monde insolent, protégé de la mafia napolitaine, cocaïnomane notoire, le Pibe de Oro n’avait rien d’un saint. Grâce à des séquences d’anthologies (la victoire de la Coupe du monde en 1986 contre l’Angleterre) relues au prisme d’une trajectoire intime plus douloureuse (les rêves de gloire précoces dans les bidonvilles de Villa Fiorito), Jean-Christophe Rosé ne cherche pas à résoudre les contradictions de cet enfant terrible du foot. Dans son film se télescopent l’histoire d’un pays plombé par la dictature et celle d’un dieu athlétique, toutes deux reconstituées à l’aide d’archives – la plus émouvante n’est étonnamment pas sportive mais musicale, on y voit Maradona enregistrer un titre bouleversant en hommage à sa patrie. Ce documentaire enregistre à la perfection les métamorphoses libres d’une icône qui s’était délestée du poids des apparences. • Léa André-Sarreau 

Pour voir le documentaire, diffusé en ce moment sur Arte, cliquez ici.

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DIEGO MARADONA D’ASIF KAPADIA (2019)

Légende vivante, footballeur de génie, idole déchue… Asif Kapadia, auteur de remarquables documentaires sur les trajectoires brisées d’Ayrton Senna (Senna, 2011) et d’Amy Winehouse (Amy, 2015, Oscar du meilleur docu), concentre ici son regard sur les années napolitaines du joueur argentin. Une intense période qui démarre en 1984 lorsque, à la surprise générale, el Pibe de Oro («le gamin en or») rejoint le peu couru club italien. Hissant sa nouvelle équipe au sommet, Maradona se heurtera pourtant à de nombreux démons (addiction à la drogue, fréquentation de la mafia, refus de reconnaître un enfant né d’une relation extraconjugale). Ayant eu accès à cinq cents heures d’images d’archives inédites, Kapadia sublime cette épopée aussi sportivement glorieuse qu’intimement éprouvante; après un générique survitaminé dont le synthétiseur rappelle l’introduction du Scarface de Brian De Palma, le cinéaste manie avec brio des émotions contraires qui transforment une houleuse aventure personnelle en une déchirante tragédie universelle. • Damien Leblanc

Le documentaire est disponible sur le plateforme VOD d’UniversCiné.

Image de couverture : © Mars Films

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