
Moins connu que ses films homoérotiques des années 1960, We Were There agit pourtant comme un témoignage incandescent de la mémoire queer. À travers ce documentaire, Pat Rocco filme les premières Pride dont il fut non seulement le témoin mais l’un des participants les plus actifs. Caméra à l’épaule, ce cinéaste-militant originaire de New-York capte à la fois des slogans, des sourires, des caresses furtives, des rires partagés. Chaque visage est filmé comme celui d’un frère, un amant, un camarade de lutte.
À la fois utopique et sensuelle, l’œuvre de Pat Rocco n’en est pas moins profondément militante. À une époque où l’homosexualité est marginalisée, il expose l’amour entre hommes avec fierté, douceur et humour. Ses premiers films, souvent classés comme des « beefcake films » (des saynètes où l’érotisme se mêle à la comédie pour contourner la censure de la pornographie), présentent le corps masculin en lumière naturelle, sans violence ni fétichisation.
Dans un entretien avec Jim Kepner en 1983, Pat Rocco estime que ses films ont fait de lui « un partisan de la libération gay, de par leur réalisation, leur franchise, le fait qu’ils étaient les premiers films ouvertement gays avec de la nudité dans une salle de cinéma, et qu’ils avaient quelque chose de positif à dire ».
Alternant le documentaire et la fiction, Rocco invente en quelque sorte une contre-culture visuelle queer, exposant le tableau de cette époque avant l’épidémie du Sida, et façonnant l’histoire collective LGBTQ+.
: We Were There est accessible gratuitement sur la plateforme HENRI jusqu’au 24 juin prochain.