
Comment est né le désir de devenir concepteur de créatures ?
Depuis mon plus jeune âge, les histoires que je découvrais – qu’elles proviennent de la mythologie grecque, des contes de fées traditionnels ou des films fantastiques – ont nourri mon imaginaire et m’ont donné le goût de ces créatures. Mon attachement pour les monstres vient, en particulier, de la mélancolie qu’ils dégagent.
Il y a une école pour créer des personnages de cinéma ?
Pas vraiment. Il faut évidemment un parcours artistique et un sens du travail manuel. C’est surtout beaucoup de pratique, des tentatives, des réussites et des échecs, et une capacité à travailler en collectif. On ne fait jamais une créature seule.
Quelles sont les qualités pour être bon dans le métier ?
L’imagination, et surtout la capacité à ne pas rester coincé dans des automatismes ou dans une volonté de plaire à tout prix au spectateur. Il faut plutôt tenter de réinventer pour surprendre et servir une histoire.
Le robot T-O d’Un monde merveilleux, c’est un vrai robot ?
Même si c’est avant tout une création à la C-3PO, soit un costume avec une personne dedans, T-O possède quelques parties électroniques, comme les yeux et le torse. L’inspiration esthétique principale provient des robots ménagers japonais. Les designs initiaux présentaient des caractéristiques graphiques et des poses variées, mais on a dû opérer des ajustements pour s’adapter au physique des comédiennes [Angélique Flaugère et Lucie Guien, ndlr] qui allaient porter le costume, et optimiser l’ergonomie pour garantir une meilleure mobilité. Et puis, il y a toujours une touche personnelle, évidemment…
Dans votre carrière, quelle créature vous a donné le plus de mal ?
C’est difficile de répondre à cette question car, au bout du compte, quand ça fonctionne, on se dit que ce n’était pas si compliqué que ça. Cependant, je pense au requin de Sous la Seine. Les délais de création étaient particulièrement courts, et nous n’avions pas vraiment la possibilité de tester l’animatronique [une marionnette animée au moyen de dispositifs électromécaniques, ndlr] de deux mètres et demi dans un véritable bassin. Jusqu’à sa mise à l’eau, nous n’étions pas certains que le requin n’allait pas tout simplement couler. Mais, aussitôt immergé, il s’est mis à se déplacer et à s’animer comme un vrai. Et là, c’est magique.
Ce fut exactement la même chose pour le robot T-O. Quand Loïc Madoux a fabriqué le robot et que nous avons fait les premiers essais, on ne voyait plus une comédienne qui portait un costume, mais un vrai robot totalement autonome.
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FICHE MÉTIER
Le concepteur de créatures essaye de donner vie à des idées, des personnages ou des créatures tout droit sortis de l’imagination d’un réalisateur ou d’une réalisatrice. Plus qu’une simple marionnette, cette créature est ensuite investie par un comédien ou une comédienne qui lui confère un véritable rôle.
Un monde merveilleux de Giulio Callegari, KMBO (1 h 20), sortie le 7 mai