NOUVELLE STAR · Déni Oumar Pitsaev, maison-mère  

Récompensé par l’Œil d’or au Festival de Cannes, le Tchétchène Déni Oumar Pitsaev a créé la surprise avec « Imago », documentaire ovniesque sur l’incompréhension mutuelle entre un fils revenu d’Occident et sa famille restée sur place. Il sera présenté en avant-première au mk2 Bibliothèque (en partenariat avec la Scam) le mardi 7 octobre, à 20h.


 Déni Oumar Pitsaev
Déni Oumar Pitsaev

Ce qu’on ne dit pas, c’est que l’ovni, c’est d’abord lui : Déni, né en 1986 en Tchétchénie, exilé très tôt avec une mère divorcée qui fuit les deux guerres successives sur place, en 1994 puis en 1999, qui opposent la Russie aux indépendantistes tchétchènes. À Saint-Pétersbourg, où il est scolarisé, « on a changé mon acte de naissance pour me donner un prénom russe, afin que je passe inaperçu »glisse Déni, dont la langue maternelle devient « malgré lui » le russe.

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Bac en poche, à 17 ans, il débarque à Paris sans parler français mais se retrouve à la Sorbonne, puis en Belgique où il se prend de passion pour le cinéma. Des années plus tard, sa mère offre un terrain à Déni dans la vallée de Pankissi, « une enclave tchétchène située en Géorgie, dont les habitants fantasment une Tchétchénie qui n’existe plus », où vit sa famille éloignée, dont son cousin Daoud. On voudrait qu’il y construise une maison, pour renouer avec les siens. Lui n’en a aucune envie, mais l’idée lui vient d’en tirer un film, « de revenir pour mieux repartir, en paix » avec l’enfant qu’il a été. 

Pas question de revenir pour régler ses comptes. Le hiatus porte en fait sur la maison rêvée par Déni, une cabane dans les arbres qui fait rire tout le monde. « En arrivant, j’avais peur qu’on m’impose d’effacer ce que je suis, d’effacer mon excentricité, mais j’ai senti qu’un dialogue était possible », explique-t-il. « Je pensais que le film porterait sur la construction de la maison, or c’est devenu un point de départ. » Celui d’un « voyage initiatique » fort en réconciliations, mais surtout fort d’un regard sensible – et sensuel – porté sur les autres, sans préjugés. Du genre à faire « rire et pleurer » sa mère, qui découvre le film à Cannes, dont il repart avec le Prix French Touch et l’Œil d’or du documentaire. Du genre à bouleverser les spectateurs jusqu’à Shanghai ; inespéré pour celui qui craignait de livrer un film « égocentrique », mortifié à l’idée d’apparaître à l’écran. Ça tombe bien : son prochain projet, baptisé Maspalomas [du nom du « plus grand resort LGBTQ+ au monde », ndlr], sera une pure fiction.

: Imago de Déni Oumar Pitsaev, présenté en avant-première au mk2 Bibliothèque le mardi 7 octobre à 20h, et en salles le 22 octobre