Natalie Portman à Lumière 2025 : « Avoir un mentor, c’est ce qui fait toute la différence dans la carrière et la vie d’une actrice »

Invitée d’honneur de la 17e édition du Festival Lumière à Lyon, l’actrice américaine, oscarisée en 2011 pour sa performance dans Black Swan de Darren Aronofsky, est notamment revenue sur les rencontres qui ont compté dans son parcours, au cours d’une passionnante masterclass animée par le journaliste Didier Allouch. Une véritable déclaration d’amour et de gratitude envers ses mentors de cinéma, et l’occasion d’un hommage touchant à la folie douce de Diane Keaton. Morceaux choisis.


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Une soirée avec Natalie Portman à l'auditorium de Lyon lors du Festival Lumière 2025 à Lyon le 13/10/2025. Photo ©Sandrine Thesillat

SON PANTHÉON D’ACTRICES

« Parmi les performances d’actrices qui m’ont marquée, je citerais d’abord Gena Rowlands dans Une femme sous influence (1974) de John Cassavetes. Il s’agit probablement de la meilleure performance d’actrice de l’histoire du cinéma. Je me souviens aussi de celle d’Isabelle Huppert dans La Pianiste de Michael Haneke, qui m’a complètement renversée. Puis Julianne Moore dans Safe (1995) de Todd Haynes [duo avec lequel l’actrice a collaboré sur May December, en 2023, ndlr], Nicole Kidman dans Prête à tout (1995) de Gus Van Sant, Reese Witherspoon dans L’Arriviste (2000) d’Alexander Payne… la liste est longue. Ce sont des performances que je regarde en boucle, encore aujourd’hui, je les ai longuement étudiées. »

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Gena Rowlands dans Une femme sous influence de John Cassavetes (1974)

LA FOLIE DOUCE DE DIANE KEATON

« Diane Keaton a permis aux personnages féminins d’être aussi complexes que le sont les personnages masculins que nous avons l’habitude de voir au cinéma. Les femmes qu’elle incarnait étaient névrosées, drôles, émotives… mais aussi un peu bizarres, dans le bon sens du terme. J’ai le sentiment qu’elle a donné le droit aux femmes d’être bizarres au cinéma. Elle était capable de tout jouer, ses rôles étaient toujours intéressants et traversés d’une magnifique étrangeté. Je pense que c’est parce qu’elle ne s’excusait jamais d’être elle-même que le public l’aimait autant. »

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Diane Keaton dans Mad Money (2008)

SON MENTOR MIKE NICHOLS

« Je pourrais parler de Mike [Nichols, Natalie Portman a notamment tourné sous sa direction en 2004 dans Closer, entre adultes consentants aux côtés de Jude Law, Kevin Cline et Julia Roberts, ndlr] pendant des heures. Il a été l’une des personnes les plus importantes de ma vie, pas seulement de ma carrière. C’était un mentor incroyablement généreux, et je pense toujours beaucoup à lui. Ensemble, nous parlions d’art, de littérature, de ma carrière bien sûr, mais aussi de mes choix de vie. Il m’a guidée dans tous les aspects de ma vie. Quand il est décédé, j’ai découvert en allant à son enterrement que je n’étais pas la seule personne qu’il avait décidé de prendre sous son aile. Je ne sais pas comment il a réussi à trouver le temps et l’énergie émotionnelle d’être là pour nous, mais il l’a fait. Maintenant que j’entre dans la seconde partie de ma vie et de ma carrière, je me rends compte qu’il est important pour moi d’avoir le même rôle pour quelqu’un, et c’est à lui que je le dois. Je vous encourage toutes et tous à trouver quelqu’un qui saura vous guider. Et si, comme moi, vous avez une carrière déjà bien établie, devenez vous-même un mentor. Il y a tellement de jeunes acteurs et actrices qui en ont besoin mais qui n’osent pas le demander. Et plus particulièrement les femmes, je pense qu’on ne le fait pas assez, mais c’est pourtant ce qui fait toute la différence dans la vie et la carrière d’une actrice. »

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Natalie Portman dans Closer (…) / Icarus Productions