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Le futur du cinéma… La fin des stars?

  • Juliette Reitzer et Léa André-Sarreau
  • 2019-12-19

Hologrammes de vedettes décédées, personnages entièrement créés numériquement, deepfakes… à mesure que la technologie progresse, les acteurs semblent de moins en moins sacralisés – ou est-ce le contraire?

Terry Notary, Andy Serkis : ces acteurs sont des superstars du cinéma hollywoodien ; et pourtant, leur visage est pour ainsi dire inconnu du public. C’est qu’ils ont interprété leurs plus grands rôles en capture de mouvements, prêtant leur gestuelle et leurs expressions faciales à des créatures façonnées numériquement : le chimpanzé Rocket dans les trois volets de La Planète des singes ou King Kong dans Kong. Skull Island pour le premier ; Gollum dans la trilogie du Seigneur des anneaux ou encore le capitaine Haddock dans le Tintin de Steven Spielberg pour le second.

Ces idoles de l’ombre le montrent bien : au contact des progrès technologiques, le statut des stars est en train de changer. Jusqu’où ? On peut aujourd’hui facilement rajeunir ou vieillir numériquement le visage d’un acteur, et même le ressusciter, à l’image des hologrammes et doubles numériques d’acteurs décédés – Marylin Monroe et Elvis Presley dans Blade Runner 2049, Peter Cushing dans Rogue One, et bientôt James Dean, ressuscité (avec l’accord de sa famille) à partir d’image d’archives dans un film prévu pour 2020, Finding Jack.

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Les stars sont mortes, vive les stars ? Pour le sociologue Gabriel Sergé, «les nouvelles technologies prolongent les techniques plus traditionnelles de construction de la postérité, comme les écrits biographiques, les rétrospectives, les expositions. Elles contribuent ainsi à la sacralisation de la vedette.» Ce qui se joue ici, c’est aussi le fantasme d’éternité du cinéma, qui depuis ses débuts fige (vole ?) le visage des acteurs. Et après ? On peut supposer que la tendance va se poursuivre, on peut aussi parier sur l’émergence de stars du cinéma entièrement virtuelles – une récente étude menée par HypeAuditor a révélé que les influenceurs virtuels d’Instagram (comme lilmiquela et son 1,8 million d’abonnés) suscitent beaucoup plus d’engagement que leurs homologues de chair et de sang, particulièrement auprès des 18-24 ans.

On peut aussi supposer que les technologies vont continuer à se démocratiser, comme en témoigne le succès de l’application chinoise Zao, lancée en août 2019, qui permet de « coller » le visage d’un acteur sur le sien (et inversement) selon la technique du deepfake, avec un réalisme troublant – voir la vidéo fascinante du youtubeur Ctrl Shift Face qui remplace le visage de Robert De Niro par celui d’Al Pacino dans Taxi Driver.

Pour Gabriel Sergé, «le deepfake ne me paraît pas annoncer le déclin des stars. Je pense qu’il conduit surtout à se méfier plus encore des images, celles-ci pouvant faire l’objet de manipulations qu’on ne peut plus déceler à l’œil nu. Cette défiance n’est pas nouvelle, mais elle ne fait que croître.» Plus que de la disparition des stars, qui devraient continuer de se démultiplier et d’étendre leur influence, c’est peut-être de cette défiance du public à l’égard des images dont il faudra à l’avenir se préoccuper.

Illustration : @The_Real_Theory

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