Trois personnages avec qui tu partirais en road trip à travers les États-Unis ?
L’Indien de Vol au-dessus d’un nid de coucou de Miloš Forman, pour le plaisir de discuter avec lui – le road trip, c’est une enquête sur ce qui nous entoure autant que sur nous-mêmes. Je choisirais aussi le jardinier interprété par Peter Sellers dans Bienvenue Mister Chance de Hal Ashby, dont on ne sait pas vraiment s’il est idiot, fou, naïf ou candide. Et, pour l’amusement, je prendrais Jack Nicholson, celui de Cinq pièces faciles de Bob Rafelson.
Trois films que tu aurais adoré vivre ?
Plutôt des films qui présentent une époque, une ville ou une société dans laquelle j’aurais aimé vivre. Bullitt de Peter Yates ou L’Inspecteur Harry de Don Siegel, pour le San Francisco de la fin des années 1960. J’ai également une appétence pour les films de Noël, je citerais donc Gremlins de Joe Dante et La vie est belle de Frank Capra. J’aurais aussi aimé connaître l’Italie des années 1960, la Rome d’Une vie difficile de Dino Risi, par exemple.
Trois films que tu conseillerais pour comprendre l’Amérique de Donald Trump ?
Pour comprendre l’Amérique, il faut saisir les valeurs fondamentales du peuple américain – son attachement à la liberté, sa méfiance vis-à-vis du gouvernement et des banques. C’est ce que font, par exemple, John Ford avec Les Raisins de la colère et Phil Karlson avec Justice sauvage. Ces films traitent de la revanche des Blancs, de la corruption, des puissants… tous les thèmes que Trump a utilisés. J’ajouterais Network. Main basse sur la T.V. de Sidney Lumet, puisque Trump est une créature de la télévision, un simulacre de contre-culture.
Trois rencontres avec des cinéastes qui t’ont marqué ?
Michael Cimino, que j’ai eu la chance de rencontrer il y a trois ans, pour mon livre. Après avoir longuement hésité à accepter l’entretien, il m’a dit: «OK, mais si tu veux comprendre mes films, il faut prendre la route avec moi. » Dino Risi, que j’ai eu la chance de voir avant qu’il ne meure – pour son élégance, sa pertinence, son acuité. Et puis le plus gentil de tous, George A. Romero, un cinéaste généreux et modeste, qui représente la quintessence de ce que j’aime dans le cinéma américain.
Trois plumes qui ont été déterminantes pour la construction de ta cinéphilie ?
Ce n’est pas très original, mais je dirais Serge Daney et Charles Tesson des Cahiers du cinéma, ainsi que la critique américaine Pauline Kael.
« We Blew It »
de Jean-Baptiste Thoret
(Lost Films, 2 h 17)
sortie le 8 novembre