
Ernesto Che Guevara dans Carnets de voyage (2004) de Walter Salles
Quand le génial réalisateur brésilien Walter Salles s’attaque à la jeunesse du plus célèbre des révolutionnaires, il confie le rôle à la star montante du cinéma, déjà vue dans la peau du Che dans le téléfilm Fidel. Avec ce personnage, Gael García Bernal crève l’écran en incarnant un Che Guevara méconnu, jeune Argentin d’ascendance bourgeoise traversant l’Amérique latine à mobylette en compagnie de son ami, le biochimiste Alberto Granado. Un périple déterminant pour le jeune homme, moteur de sa prise de conscience politique devant l’injustice sociale et la misère dont il est témoin. Une histoire racontée dans Voyage à motocyclette, signée de la main du futur leader de la révolution cubaine, et que Walter Salles adapte ici avec ferveur, sur fond de paysages à couper le souffle.

Ángel, Juan et Zahara dans La Mauvaise Éducation (2004) de Pedro Almodóvar
La même année, sur le tapis rouge de Cannes, l’acteur présente simultanément le film de Walter Salles et ce long métrage bouleversant signé Pedro Almodóvar, qui prend racine du côté de l’enfance de deux amis, Ignacio et Ángel, victimes d’abus de la part du directeur de leur pensionnat. Un univers à la fois grave et passionnément queer, qui donne l’occasion à Gael García Bernal de démontrer toute l’étendue de son talent en jouant trois rôles en un, dont celui de Zahara, jeune femme transgenre et personnage de fiction littéraire inventé par Ignacio, dans un tourbillon qui nous balade entre réalité et fiction.

Stéphane dans La Science des rêves (2006) de Michel Gondry
« Une énorme partie de plaisir. » C’est ainsi que l’acteur décrivait le tournage du long métrage de Michel Gondry au Nouvel Obs. Dans ce film fantaisiste, il campe un rêveur timide et bricoleur empêtré dans les sentiments qu’il éprouve pour sa voisine Stéphanie (Charlotte Gainsbourg). Le genre d’histoire d’amour onirique dont Gondry a le secret et dans laquelle le personnage de Gael García Bernal souffre d’un mystérieux trouble l’empêchant de distinguer l’éveil du sommeil. Encore une fois, l’acteur plein de poésie montre qu’il sait naviguer dans les eaux troubles de la fiction avec habileté.

René Saavedra dans No (2013) de Pablo Larraín
Avant sa trilogie de biopics féminins consacrée successivement à Jackie Kennedy, Diana Spencer et Maria Callas, le cinéaste chilien Pablo Larraín s’était déjà essayé à l’exercice du film d’époque avec No, comédie dramatique sur le référendum de 1988 au Chili, qui raconte un mariage heureux entre pub et politique, alors que Pinochet a instauré une dictature dans le pays depuis quinze ans. Dans une esthétique très eighties qui lui va comme un gant (le film a été tourné avec des caméras de l’époque), Gael García Bernal incarne un jeune publicitaire d’abord plutôt complaisant avec la dictature, grâce à laquelle il s’enrichit, puis figure de lance d’une campagne progressiste, placée sous le signe de la fête, qui permettra au peuple de s’exprimer librement et de voter contre le maintien du pouvoir en place. Une ambivalence hyper intéressante qui a du passionner l’acteur, dont les choix cinématographiques témoignent d’une grande subtilité.

Guy Cappa dans Old (2021) de M. Night Shyamalan
Aux côtés de son épouse campée par Vicky Krieps, l’acteur incarne un père de famille parti en vacances sous les tropiques avec ses enfants. Et alors que les Cappa découvrent une plage isolée, endroit paradisiaque idéal pour se détendre, ils comprennent dans le même temps que, sur cet idyllique banc de sable, le vieillissement est considérablement accéléré, réduisant une vie entière à une seule et unique journée. Un concept tiré de la bande dessinée Château de sable de Pierre Oscar Levy et Frederik Peeters, dont le cinéaste d’horreur M. Night Shyamalan se saisit pour mieux figurer l’angoisse du temps qui passe. Une fable d’épouvante hyper efficace qui offre à Gael García Bernal un rôle de père impuissant saisi d’effroi, loin des personnages doux-rêveurs auxquels l’acteur nous avait habitués.