Décryptage: Y a-t-il trop de films français qui sortent?

Dans un rapport d’évaluation paru début juin, deux députés de LREM affirment que le nombre de films français qui sortent en salles est trop important et épinglent le CNC. En sous-texte, on peut voir là une volonté de réorganiser un système pourtant fonctionnel. « Il faut trouver un dispositif qui finance des films mieux vus


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Dans un rapport d’évaluation paru début juin, deux députés de LREM affirment que le nombre de films français qui sortent en salles est trop important et épinglent le CNC. En sous-texte, on peut voir là une volonté de réorganiser un système pourtant fonctionnel.

« Il faut trouver un dispositif qui finance des films mieux vus et mieux vendus à l’international pour consolider notre soft power. » C’est avec cette phrase – qui veut un peu tout et rien dire, mais dans laquelle on sent bien l’envie de rentabilité du cinéma – que le rapport des députées LREM Céline Calvez, vice-présidente de la commission des Affaires culturelles, et Marie-Ange Magne, membre de la commission des Finances, dans le cadre du «Printemps de l’évaluation» des politiques publiques, avait fait parler de lui fin mai, juste avant sa publication officielle. Sur le thème du « il y a trop de films qui sortent mais nous n’avons pas vraiment de solutions », le fameux rapport de 52 pages laisse entendre une autre petite musique qui, elle, revient encore plus régulièrement: il faudrait plafonner l’ensemble des taxes affectées au CNC, parce que, bon, donner de l’argent pour des produits qui ne fonctionnent pas toujours, ça va bien. Pour rappel, le Centre national du cinéma et de l’image animée a pour rôle de réglementer et de soutenir l’économie du cinéma, de l’audiovisuel, du multimédia et du jeu vidéo. Il est financé principalement par trois taxes : sur les entrées en salles, sur les éditeurs et les distributeurs de services de télévision et sur la diffusion des contenus audiovisuels qui ont rapporté quelque 672 millions d’euros en 2018.

Alors que préconise ce rapport ? Il met en avant un plafonnement des taxes affectées au CNC, «dans l’objectif d’assurer un pilotage de la dépense», un rééquilibrage en faveur de l’audiovisuel, prétendument défavorisé par rapport au cinéma, et un contrôle renforcé par le Parlement. Des recommandations réfutées point par point par l’ensemble de la profession. Et notamment par le ministre de la Culture, Franck Riester, qui assure que les décisions essentielles du CNC « sont partagées avec le ministère » et que, pour les taxes affectées, «c’est le Parlement qui décide, pas le CNC tout seul », assurant ainsi la transparence du fonctionnement de l’organisme. Si les griefs de Céline Calvez et Marie-Ange Magne ne risquent pas de faire date, ils permettent cependant de rappeler que l’apparente indépendance du cinéma en tant qu’art et industrie n’est jamais gagnée.

ILLUSTRATION : ÉMILIE GLEASO