
Inspirée d’une histoire vraie, l’intrigue se déroule en 1996 et s’ancre d’abord dans l’Atlantique Nord. Désespérés, deux jeunes clandestins embarquent discrètement à bord d’un porte-conteneur, qui se dirige vers le Canada. Repéré par les officiers taïwanais, l’un des deux clandestins est cruellement jeté dans la mer. Les membres d’équipage, tous philippins, décident de cacher le deuxième dans les entrailles du bateau…
Tout en maintenant une ambiguïté morale qui lui permet de dépasser tout manichéisme (que l’on avait peur de voir advenir, mais qui est finalement finement évacué), ce thriller en mer réussit aussi à prolonger une tension continue, grâce à une mise en scène inventive, qui utilise tout le potentiel de ce décor de cargo dédaléen – le son, à la fois minimaliste et profond, est aussi remarquable.
Au-delà de cette atmosphère suffocante, on lit aussi à travers ce film une critique en creux de la politique migratoire et du capitalisme, qui profite des corps des uns et jette ceux des autres sans ménagement, et les pousse à s’affronter entre eux. Si toute la tonalité du film est bien sombre, et que peu de lueurs viennent l’adoucir, il n’en reste pas moins que le propos est très malin.
: To The North de Mihai Mincan (Destiny Films, 2h02), sortie le 26 février