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Critique: Les Enfants de la mer

  • Corentin Lê
  • 2019-07-10

Ruka, une lycéenne solitaire, rencontre un garçon amphibie aux pouvoirs surnaturels. De cette bluette émerge une fable cosmogonique, théâtre de mutations graphiques à couper le souffle.

Entre les bancs du lycée et les bancs de poissons, il aura suffi d’un plongeon pour convaincre Ruka de changer de bord: celui d’Umi, un jeune garçon qui a grandi dans l’océan et qui vit désormais entre la mer et l’aquarium où travaille le père de Ruka. Après avoir vu Umi plonger sans crainte dans un bassin rempli de créatures marines, Ruka est prise de fascination pour cet être partageant sa solitude – elle est isolée de ses camarades, lui ne peut vivre loin de l’eau. L’adolescent lui présente son frère, Sora, éphèbe mystérieux un brin arrogant, et Anglade, une océanographe qui veille sur le duo. Au cours d’une nuit étoilée, et tandis qu’Umi tombe gravement malade, Sora confie à Ruka un artefact issu d’une pluie de météorites avant de s’éclipser vers l’horizon marin. C’est à cet instant que le récit quitte définitivement la terre ferme pour atteindre l’orgie graphique, là où les protoplasmes liquides du Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki fusionnent avec le cosmos malickien de Voyage of Time.

Si le film avait jusqu’à présent produit quelques visions déjà extatiques, elles ne constituaient qu’un cachet mystique et fantasmagorique au récit attendu de la jeune fille recluse trouvant dans l’irréel une issue de secours à son isolement. Délesté de la pesanteur, quittant le sol pour explorer les tréfonds abyssaux et donner à voir l’origine du monde, Les Enfants de la mer réussit ce que Big Fish & Begonia de Liang Xuan et Zhang Chun, autre film d’animation aquatique sous influence Ghibli diffusé l’année dernière sur Netflix, n’était parvenu à accomplir : s’extraire de ses carcans mythologiques et narratifs pour accepter son essence purement plastique. Dans ce tourbillon d’éléments composites pris dans une ronde musicale et psychédélique, tous les jeux d’échelles sont permis: une goutte d’eau se transforme en galaxie, une vague se métamorphose en baleine géante et l’œil d’un poisson minuscule devient celui d’un cyclone titanesque. Autant de raccords magnifiques, pour un film qui finit par donner le tournis.

Les Enfants de la mer d’Ayumu Watanabe, Eurozoom (1h50), sortie le 10 juillet
Image: Copyright Eurozoom

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